L’adhésion de Rome au projet d’infrastructures « n’a pas produit les résultats » escomptés, a estimé le ministre des affaires étrangères italien devant le Parlement. Le ministère chinois n’a pas souhaité commenter directement la décision italienne.
La Chine a fustigé jeudi 7 décembre le « dénigrement » de son projet d’infrastructures des « nouvelles routes de la soie », après la décision italienne de se retirer mercredi. « La Chine s’oppose fermement au dénigrement et à l’affaiblissement de la coopération [autour] des “nouvelles routes de la soie”, et s’oppose à la confrontation et à la division », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Wang Wenbin.
Mercredi, une source au sein du gouvernement de Giorgia Meloni avait annoncé à l’Agence France-Presse que Rome se retirait de l’accord de manière à « maintenir ouvertes les voies du dialogue politique ».
Le ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani, avait déclaré au Parlement que lors d’un voyage en Chine en septembre, il avait clairement dit que Rome souhaitait « promouvoir un meilleur accès à [ses] produits, indépendamment de [sa] participation » à ce projet. L’adhésion de Rome « n’a pas produit les résultats » escomptés par la troisième économie de la zone euro, avait-il estimé.
Le porte-parole chinois n’a pas souhaité commenter directement la décision de l’Italie jeudi, mais il a rappelé que plus de 150 pays participent à ce projet, lancé en 2013 à l’initiative du président, Xi Jinping, ce qui en fait « la plus grande plate-forme de coopération dans le monde ». Il a ajouté que l’Italie avait envoyé en octobre des représentants au forum des « nouvelles routes de la soie » à Pékin, une preuve, selon lui, de « l’énorme attrait » et de « l’influence mondiale » du projet.
L’Italie se retire de l’accord quatre ans après l’avoir intégré. Attendue depuis plusieurs mois, la décision de quitter ce projet pharaonique d’infrastructures maritimes et terrestres a été communiquée à Pékin il y a quelques jours, selon le Corriere della Sera. En 2019, l’Italie, ployant sous le poids de sa dette publique, était devenue le seul pays du G7 à participer à ce programme d’investissements massifs de Pékin, décrit par ses opposants comme un cheval de Troie destiné à obtenir une influence politique.
Cet ambitieux projet d’un montant de 2 000 milliards de dollars vise à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique, et même au-delà, par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels. Le programme est aussi critiqué dans le monde pour l’endettement dangereux qu’il fait peser sur les pays pauvres.
Le Monde