L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a validé, mercredi 6 décembre 2023, l’inscription des « traditions socioculturelles » de l’iftar au patrimoine immatériel de l’humanité.
C’était une demande de l’Azerbaïdjan, de l’Iran, de l’Ouzbékistan et de la Turquie. Et ce souhait est désormais exaucé : l’iftar, le repas pris chaque soir par les musulmans au coucher du soleil après le jeûne pendant le mois de ramadan, a été inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco, mercredi 6 décembre.
Il fait partie des traditions communautaires dont l’importance a été reconnue par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, réuni depuis lundi à Kasane, au Botswana.
« L’iftar (également appelé eftari ou iftor dans les pays concernés) est observé par les musulmans au coucher du soleil pendant le mois de ramadan, après l’accomplissement de tous les rites religieux et cérémoniels », explique l’Unesco, qui ajoute : « Il prend souvent la forme de rassemblements ou de repas, renforçant les liens familiaux et communautaires et promouvant l’entraide, la solidarité et les échanges sociaux. »
🔴 BREAKING
New inscription on the #IntangibleHeritage List: Iftar/Eftari/Iftar/Iftor and its socio-cultural traditions, #Azerbaijan 🇦🇿, Islamic Republic of #Iran 🇮🇷, #Türkiye 🇹🇷, #Uzbekistan 🇺🇿.
Congratulations!https://t.co/c2HMPpStCA #LivingHeritage pic.twitter.com/VKd2O6UNxG
— UNESCO 🏛️ #Education #Sciences #Culture 🇺🇳 (@UNESCO) December 6, 2023
L’organisation culturelle de l’ONU souligne que sa pratique « se transmet généralement au sein des familles » et que « les enfants et les jeunes se voient souvent confier la préparation des plats lors des repas traditionnels ».
La rupture du jeûne est un moment de joie et de partage qui se vit aussi bien au sein des foyers que dans l’espace public. Les recettes de plats partagés se transmettent de génération en génération, tout comme les contes pour enfants, les musiques ou encore les jeux qui les accompagnent. Si les saveurs peuvent être différentes selon les endroits du monde, les valeurs, elles, sont universelles : la générosité, la paix et la tolérance.
En plus d’une question de préservation, cette démarche est également un appel à l’échange entre les différentes communautés musulmanes et non musulmanes sur la diversité des traditions liées à l’iftar.
L’Azerbaïdjan, l’Iran, l’Ouzbékistan et la Turquie espèrent également que cela montrera comment un élément du patrimoine culturel immatériel peut contribuer au dialogue entre les peuples et les cultures.
Le chant lyrique italien et le boléro intègrent aussi le patrimoine de l’Unesco
Outre l’iftar, l’Unesco a également intégré, ce mercredi, le chant lyrique italien à son patrimoine immatériel, ainsi que le boléro, la musique de l’amour à Cuba et au Mexique.
Rome a salué la reconnaissance d’une marque d’« excellence mondiale ».
De Scarlatti à Verdi en passant par Monteverdi, les grands airs d’opéra italiens sont chantés dans le monde entier, embellis par des interprétations célèbres comme celle du ténor Luciano Pavarotti (1935-2007).
« Transmise oralement entre un maestro et un élève, cette pratique favorise la cohésion collective et la mémoire socioculturelle. C’est un moyen d’expression libre et de dialogue intergénérationnel, sa valeur culturelle est reconnue au niveau national et international », estime l’Unesco. L’institution définit cet art comme « une technique de chant sous contrôle physiologique qui intensifie la puissance vocale dans des espaces acoustiques tels que les auditoriums, les arènes et les églises ».
Le boléro, lui, est né à Santiago de Cuba, dans le sud-est de l’île, à la fin du XIXe siècle, avec Tristeza de Pepe Sanchez, avant de gagner le Mexique voisin. En 1932, c’est une Mexicaine, Consuelo Velazquez, connue sous son diminutif de Consuelito, qui a écrit Bésame mucho, le boléro le plus connu au monde repris par Nat King Cole, Frank Sinatra et les Beatles.
L’âge d’or du cinéma mexicain (1940-1960) a popularisé le genre en Amérique latine, avec l’acteur Pedro Infante ou l’auteur-compositeur-interprète Agustin Lara. Des « boleristas » cubains comme Benny Moré ou Rita Montaner ont fait carrière au Mexique, où la renommée de trios comme Los Panchos ont dépassé les frontières.
La demande d’inscription du boléro au patrimoine immatériel de l’humanité a d’ailleurs été présentée conjointement par les deux pays.
AFP