A 71 ans, le dirigeant russe sera de nouveau candidat en mars prochain. Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 1999. Avec la dernière réforme constitutionnelle de 2020, il pourrait se maintenir jusqu’en 2036. Il; aurait alors 84 ans.
Le vrai-faux suspensen’aura pas duré très longtemps : Vladimir Poutine a indiqué ce vendredi ne pas avoir « d’autre choix » que d’être candidat à la présidentielle russe de mars 2024, près d’un quart de siècle après son arrivée au pouvoir et deux ans après le début de l’assaut contre l’Ukraine.
« Je vais me présenter à la présidentielle », a dit M. Poutine à un vétéran du conflit en Ukraine et en marge d’une cérémonie au Kremlin. « Je comprends qu’aujourd’hui il n’y a pas d’autre choix », a-t-il encore dit selon des images retransmises par la chaîne de télévision d’Etat Rossiya-24.
« Notre président n’a jamais fui et ne fuira jamais ses responsabilités. Aujourd’hui, il l’a de nouveau prouvé », a réagi sur Telegram Valentina Matvienko, la présidente de la chambre haute du Parlement.
Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, alors que les autorités répriment depuis des années l’opposition. Cette répression s’est accélérée avec l’offensive en Ukraine.
A 71 ans, le dirigeant russe a le droit, grâce à une réforme constitutionnelle en 2020, de se présenter en 2024, puis en 2030, rendant théoriquement possible son maintien au pouvoir jusqu’en 2036, quand il aura 84 ans.
Le scrutin se tiendra le 17 mars, peu après le deuxième anniversaire du lancement de l’offensive en Ukraine, toujours en cours, et à la veille du dixième anniversaire de l’annexion par la Russie, en 2014, d’un premier territoire ukrainien, la péninsule de Crimée.
Après une année 2022 marquée par des revers sur le front et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture avec l’échec de la contre-offensive lancée cet été par l’Ukraine, l’effritement du soutien européen et américain à Kiev et le redressement de l’économie nationale.
La quasi-totalité des opposants d’envergure, à l’exemple du militant anticorruption Alexeï Navalny, ont été jetés en prison ou poussés à l’exil et toute critique de l’assaut contre l’Ukraine est sévèrement réprimée.
Aucun concurrent
La Commission électorale russe a annoncé vendredi que le scrutin se tiendra sur trois jours, du 15 au 17 mars, une pratique instaurée pendant la pandémie de Covid-19, mais dénoncée par l’opposition comme un moyen de faciliter les fraudes.
Vladimir Poutine a été président de 2000 à 2008 et l’est de nouveau depuis 2012. Touché par la limite de mandat, il avait cédé le Kremlin de 2008 à 2012 à un allié, Dmitri Medvedev, mais était resté en tant que Premier ministre l’homme fort de la Russie.
Né en 1952 à Léningrad (actuelle Saint-Pétersbourg), il a d’abord mené une carrière d’agent du KGB, les services secrets soviétiques, notamment en Allemagne de l’Est, avant de rentrer en Russie après la dislocation de l’URSS.
Il a débuté son parcours politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, avant de rejoindre rapidement le Kremlin et d’y gravir les échelons en cultivant l’image d’un homme ferme et efficace, en plein tumulte des années 1990 en Russie.
Désigné Premier ministre, puis succédant à Boris Eltsine après sa démission le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a progressivement mis au pas le pays, en démontant les acquis démocratiques des années 1990 et prônant une politique de puissance nostalgique de l’URSS et de plus en plus conservatrice.
Il a lancé ou soutenu quatre guerres depuis son arrivée au pouvoir : la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009), l’invasion de la Géorgie (2008), l’intervention en Syrie (2015) et les attaques contre l’Ukraine d’abord en 2014 puis en 2022.
Son porte-parole, Dmitri Peskov, avait indiqué mi-novembre que M. Poutine n’avait aucun concurrent crédible.
Le travail des médias lors de ce scrutin sera compliqué par un durcissement des conditions de couverture décidé par les autorités en novembre. Les journalistes indépendants, les blogueurs et les employés de médias russes travaillant depuis l’étranger ne devraient par exemple pas avoir accès au vote ou aux dépouillements.
L’élection se déroulera également dans les régions ukrainiennes occupées par la Russie, où la loi martiale est actuellement en vigueur.
euronews