Présidence de la BEI : l’UE choisit l’Espagnole Nadia Calviño

La ministre espagnole de l’Economie Nadia Calviño a été choisie par l’Union européenne pour présider la Banque européenne d’investissement (BEI), a-t-on appris ce vendredi 8 décembre.

« Nous sommes parvenus à une conclusion et à un consensus autour de la candidature de Nadia Calviño à la présidence de la BEI », a déclaré, ce vendredi 8 décembre, le ministre belge des Finances Vincent Van Peteghem – dont le pays assure la présidence tournante du conseil des gouverneurs de cette institution financière – à l’issue d’une discussion des 27 ministres de l’Economie et des Finances de l’UE réunis à Bruxelles.

La ministre espagnole de l’Économie Nadia Calviño allie un profil de technicienne rompue aux arcanes de l’UE à celui de femme politique pragmatique, à l’aise dans les rapports de force.

Depuis sa création en 1958, la Banque européenne d’investissement a connu sept présidents. Mais « tous des hommes et aucun Espagnol », avait regretté cette économiste de 55 ans, disant vouloir devenir la première femme à diriger cette institution considérée comme le bras financier de l’UE.

Objectif atteint : désignée par les ministres européens de l’Économie et des Finances face à la Danoise Margrethe Vestager et à l’Italien Daniele Franco, Nadia Calviño succédera à l’Allemand Werner Hoyer, dont le deuxième mandat de six ans expire à la fin de l’année. De quoi consacrer la stature internationale de cette ministre qui s’est imposée depuis son entrée en politique, il y a cinq ans, comme un poids lourd du gouvernement de gauche espagnol, dont elle incarne l’aile libérale, garante de l’orthodoxie budgétaire face à la gauche radicale.

Polyglotte et passage à Bruxelles
Fille de l’avocat José María Calviño Iglesias – nommé au début des années 1980 à la tête de la télévision publique par un gouvernement socialiste -, Nadia Calviño est née en 1968 à La Corogne, ville portuaire de Galice (nord-ouest). Elle a grandi à Madrid, où elle a étudié les sciences économiques, puis le droit.

Entrée à l’issue de ses études dans la haute fonction publique espagnole, cette experte pragmatique a occupé des postes de direction au ministère de l’Économie, aussi bien sous le Premier ministre conservateur José María Aznar que sous le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero.

Parlant couramment anglais, français et allemand et ayant travaillé comme interprète pour financer ses études, elle est partie en 2006 pour Bruxelles, où elle a notamment été directrice générale du Budget de la Commission européenne. Sa carrière politique a démarré en 2018 quand Pedro Sánchez, tout juste nommé Premier ministre après avoir renversé au Parlement le conservateur Mariano Rajoy, lui a proposé le ministère de l’Économie, avec le statut de vice-présidente du gouvernement.

Le choix de ce profil technocratique visait à envoyer un signal de stabilité aux marchés, sceptiques face à la majorité hétéroclite rassemblée par le socialiste. Un pari réussi, malgré les tensions constantes ayant opposé Nadia Calviño aux ministres de gauche radicale au sein de l’exécutif.

Critique du manque de parité dans les cercles de pouvoir
Depuis 2018, cette fan du cinéma des années 1950, dépeinte comme cordiale mais dure en négociation, a eu la lourde tâche de gérer l’économie espagnole face à la crise du Covid, qui a provoqué une chute libre du PIB du pays, puis aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Avec un certain succès : l’Espagne ayant réussi à se hisser depuis 2022 parmi les économies les plus dynamiques de la zone euro, avec 5,5 % de croissance l’an dernier et une inflation parmi les plus faibles de la zone euro (3,2 % en novembre sur un an, après une baisse à 1,9 % en juin).

Souriante lors de ses interventions au ton toujours mesuré, cette mère de quatre enfants avait échoué en 2020 à prendre la tête de l’Eurogroupe, malgré la campagne menée par Madrid auprès de ses partenaires européens.

Elle a, en revanche, été choisie en décembre 2021 pour présider le Comité monétaire et financier du FMI.

Nadia Calviño s’était fait remarquer en mai 2022 pour avoir refusé d’être prise en photo aux côtés de plusieurs chefs d’entreprise lors d’un forum économique à Madrid, après avoir remarqué qu’elle n’était entourée que d’hommes.

Le manque de parité dans les cercles de pouvoir est « une question que nous devons prendre au sérieux » et qui est « fondamentale du point de vue du bon fonctionnement de nos sociétés », avait-elle expliqué, en promettant de ne plus jamais participer à des débats où elle serait la seule femme.

lexpress

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