Le Covid-19 augmentait le risque de naissances prématurées… jusqu’à l’arrivée des vaccins

Le nombre de naissances prématurées a doublé à cause des infections au coronavirus, mais la vaccination a permis d’effacer ce risque accru, soulignant encore une fois l’importance de vacciner les femmes enceintes.

Plusieurs études ont déjà montré que le Covid-19 peut entrainer des complications chez les femmes enceintes, notamment lorsqu’elles n’ont pas été vaccinées contre le coronavirus. Les experts appelaient donc depuis avril 2021 les femmes enceintes à se faire vacciner afin d’éviter ces complications, mais des doutes persistaient parmi cette population sur les effets potentiels que les vaccins pourraient avoir sur leurs bébés.

Des doutes qui ont commencé à se dissiper une année après avec les premières grandes études sur ces effets, montrant que les vaccins n’augmentaient pas le risque de fausse couche ni de naissance prématurée. Une nouvelle étude va plus loin et montre que les vaccins ont au contraire protégé les grossesses. Des chercheuses des universités américaines de Stanford et du Wisconsin ont dévoilé ces résultats le 27 novembre 2023 dans la revue Pnas, montrant que la vaccination a diminué le risque de naissances prématurées.

Le coronavirus augmentait le risque de naissances prématurées
Les chercheuses ont analysé les données des naissances de l’Etat de Californie, qui compte pour 12 % des naissances aux États-Unis. Elles ont étudié toutes les naissances ayant eu lieu entre juillet 2020 et février 2023, mettant en évidence que la probabilité qu’un enfant naisse prématurément (qui était d’environ 7,3% pour les femmes sans Covid) a augmenté de 29 % pour les femmes infectées (arrivant à 8,7%).

Cet effet était visible pour les naissances prématurées (moins de 37 semaines de gestation), mais aussi pour celles des grands prématurés (moins de 32 semaines).

Pour prendre en compte certains facteurs qui pourraient biaiser l’analyse, comme le niveau socio-économique des mères ou leur état de santé, les chercheuses ont réalisé une comparaison novatrice : elles ont analysé un sous-groupe des mères ayant eu au moins deux grossesses entre 2014 et 2023 et ayant eu le Covid pendant une de ces grossesses. Cette comparaison intrafratrie a donné des résultats similaires à ceux observés dans l’analyse générale (la probabilité passait de 7,1 à 8,3%).

Selon les auteurs, cet effet est équivalent à celui observé lors des feux de forêt en Californie pendant 2007 et 2012, où des femmes enceintes ont été exposées aux fumées causées par ces feux pendant une vingtaine de jours.

Ce risque a doublé avant l’arrivée des vaccins
Mais cette hausse (déjà très élevée) cachait des effets encore plus criants. En regardant ces naissances en fonction du moment de la pandémie quand elles sont arrivées, les chercheuses ont vu que cette hausse était particulièrement élevée durant la première année de la crise sanitaire, 2020.

Entre juillet 2020 (le début de l’analyse) et la fin de l’année, la probabilité d’une naissance prématurée a bondi de 6,9 % pour les femmes non infectées à 12,3 % après une infection. Le risque a donc presque doublé à cause du coronavirus lors de cette première étape de la pandémie, lorsque nous n’avions pas encore de traitement efficace ni de vaccin. Par la suite, ce risque accru a diminué graduellement en 2021, au fur et à mesure que notre immunité contre le virus augmentait (en grande partie grâce aux vaccins), pour disparaître complètement en 2022.

La vaccination a effacé ce risque accru
Afin de déterminer à quel point la vaccination contre le Covid-19 aurait entraîné cette diminution du risque de naissances prématurées, les chercheuses ont comparé ce risque en fonction du taux de vaccination dans les différentes zones de la Californie, un des Etats avec les plus hauts taux de vaccination aux États-Unis.

Ces taux commencent à augmenter au printemps 2021, atteignant 70 % des Californiens en mars 2022.

Mais avec des différences significatives à l’intérieur de l’Etat : alors que certaines régions ont vacciné 86 % des habitants éligibles, d’autres n’ont pas dépassé les 51 %. Des différences qui étaient encore plus criantes durant les six premiers mois de la campagne vaccinale, avec 70 % de personnes vaccinées dans les régions les mieux protégées, contre la moitié (35%) dans les moins vaccinées.

Et alors que le risque de naissances prématurées à cause du Covid était comparable entre ces régions avant le printemps 2021, on voit une différence qui se creuse à partir de ce moment-là, qui coïncide avec le début de la campagne de vaccination dans cet Etat.

Ainsi, ce risque accru disparaît entre les mois de mai et août dans les régions les plus vaccinées (avec 70 % de taux de vaccination), mais persiste dans les moins vaccinées (celles qui ont 35 % à la fin de cette période), et ne disparaît qu’au début de l’année 2022. « Cela souligne à quel point les vaccins contre le Covid ont été protecteurs, conclut dans un communiqué la sociologue de l’Université du Winsconsin et co-autrice de l’étude Jenna Nobles. En augmentant rapidement l’immunité, la vaccination a probablement évité des milliers de naissances prématurées ».

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