Russie : où est passé Alexeï Navalny, disparu depuis une semaine ?

En prison depuis janvier 2021, l’opposant le plus célèbre à Vladimir Poutine n’a plus donné de signe de vie depuis une semaine. Ses soutiens ne savent pas où il se trouve.

Où est Alexeï Navalny ? Emprisonné en Russie depuis janvier 2021, le plus célèbre opposant à Vladimir Poutine est sorti des écrans radars il y a une semaine. Condamné en août à une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme » – en plus des onze ans qu’il purgeait déjà -, Alexeï Navalny devait être transféré dans une colonie pénitentiaire à « régime spécial », le niveau le plus strict du système carcéral russe.

Nul ne semble aujourd’hui savoir où il se trouve.

Ses proches affirment être sans nouvelles de lui depuis sept jours. Un employé de la colonie pénitentiaire IK-6, où il était détenu jusqu’à présent, a confié à ses avocats qu’Alexeï Navalny « (l’)avait quittée ». « Mais il ne savait apparemment pas où il avait été transféré », a indiqué ce mardi sur X (ex-Twitter) Kira Yarmysh, la porte-parole de l’opposant.

« Nous ne savons pas où il se trouve actuellement. Il peut se trouver dans n’importe quelle colonie sous régime spécial et il y en a une trentaine en Russie, dans toute la Russie », a-t-elle déclaré à Reuters. « Nous allons essayer d’aller dans toutes les colonies et de le chercher ».

Les États-Unis « très préoccupés »
Les États-Unis se sont dit lundi « très préoccupés » par la situation d’Alexeï Navalny. « Il n’aurait jamais dû être emprisonné pour commencer », a indiqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, ajoutant que les autorités américaines cherchaient à en savoir plus.

« Les dirigeants politiques russes sont responsables de sa sécurité et de sa santé en prison et ils seront tenus responsables de leurs actes », a également dénoncé mardi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell.

Moscou a réagi en dénonçant une ingérence « inacceptable » de Washington dans ce dossier. Les autorités russes ont assuré ne pas savoir où se trouvait Alexeï Navalny. « Nous n’avons ni l’intention ni la capacité de surveiller le sort des prisonniers et le processus de leur séjour dans les institutions concernées », a-t-on indiqué au Kremlin, selon des propos rapportés sur X par l’agence de presse russe Ria Novosti.

Un voyage de plusieurs semaines
Si Alexeï Navalny a bien été transféré, ses proches risquent probablement de devoir prendre leur mal en patience. Un rapport de l’ONG Amnesty International avait révélé en 2017 les conditions difficiles de ces transferts, qui s’effectuent dans des trains de l’époque soviétique, bondés et sans fenêtres. Les colonies pénitentiaires étant généralement situées dans des régions reculées, les prisonniers sont souvent envoyés à plusieurs milliers de kilomètres.

Avec des étapes, le voyage peut prendre des semaines.

« Pendant ces longs trajets, les prisonniers n’ont pas la possibilité de contacter le monde extérieur et les autorités refusent de révéler où ils se trouvent. Ils disparaissent de fait pendant des semaines, voire des mois », avait expliqué Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty International.

C’est ce qui était arrivé à Ildar Dadine en 2016.

Après avoir dénoncé des actes de torture subis en prison, ce prisonnier russe, condamné pour avoir participé à des manifestations, avait été envoyé dans une colonie pénitentiaire située à 3 000 km de son précédent lieu de détention. Sa famille et son avocat n’en avaient été informés qu’après un mois, pendant lequel ils n’avaient reçu aucune nouvelle de lui.

La « paranoïa de Poutine »
Le fait que le transfert d’Alexeï Navalny se produise en pleine campagne présidentielle russe ne peut pas être une « coïncidence » mais témoigne d’un « contrôle politique direct du Kremlin », a par ailleurs dénoncé sur X le bras droit de Navalny, Leonid Volkov. « Poutine sait très bien qui est son principal adversaire lors de ces élections. Et il veut s’assurer que la voix de Navalny ne soit pas entendue », a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a annoncé vendredi sa candidature à l’élection présidentielle du 17 mars en Russie. Les équipes d’Alexis Navalny ont quant à elle lancé une vaste campagne de panneaux d’affichage pour appeler à voter contre le président russe.

leparisien

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