La prolifération des Food-trucks au Maroc fait sortir les restaurateurs de leurs gonds

La prolifération des food-trucks au Maroc fait ressortir les professionnels du secteur de leurs gonds. Suite au diagnostic de terrain effectué par les antennes de la Fédération Nationale des Propriétaires de Cafés et Restaurants au Maroc, confirmant une augmentation vertigineuse des unités en faillite et des fermetures définitives ces derniers temps. La ville de Fès a été particulièrement touchée, avec plus de 320 fermetures à raison de 80 unités par mois, la situation est désormais critique.

Bouleversés par cette nouvelle concurrence « déloyale », les restaurateurs ne comptent pas rester les bras croisés. Face à cette situation tragique dans le secteur des cafés et restaurants au Maroc, la fédération a organisé une réunion d’urgence, marquée par des discussions approfondies sur la situation du secteur, mais aussi par certains constats.

De prime abord, la crise actuelle dans le secteur des cafés et restaurants au Maroc résulte d’une série de décisions arbitraires prises par certains départements, institutions et groupes.

Ces sentences exploitent les lacunes juridiques affectant le secteur et les divergences entre les lois et la réalité du terrain, estime la Fédération.

Ensuite, ajoute-t-elle, des décisions réglementaires et fiscales déraisonnables ont semé la confusion dans plusieurs provinces. À Casablanca, la maire a autorisé ces camions-restaurants qui devraient arpenter le bitume de la métropole en contrepartie d’une redevance à payer aux services de la Commune. Même trajectoire pour la capitale, la redevance d’exploitation temporaire a été augmentée de plus de 700%.

Du côté du secteur formel, l’imposition d’amendes, pénalités et contributions à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) dépassant la valeur des biens commerciaux, a conduit à la faillite de nombreuses unités, malgré les demandes de la fédération pour l’annulation partielle de ces amendes.

De même, la prolifération des cafés et restaurants avec véhicules tractés dans des endroits non autorisés a entraîné la fermeture de plusieurs unités, malgré les avertissements répétés de la fédération au Ministère de l’Intérieur sur la menace que représente l’informel.

En dépit de la reconnaissance de l’impossibilité de promulguer certaines lois, les ministères concernés refusent de corriger ces déséquilibres juridiques.

En réponse, la fédération a décidé d’adresser une missive urgente au chef de gouvernement, au président de la Chambre des représentants, ainsi qu’aux ministres de l’Économie et des Finances, de l’Intérieur, de l’Emploi, et de l’Industrie et du Commerce.

L’objectif est d’émettre un décret de faillite ou de promulguer une procédure légale permettant de changer ou mettre fin à une activité sans conséquences juridiques, tout en garantissant la protection des travailleurs du secteur contre le chômage après la liquidation.

Pour plus d’informations, Hespress Fr a sollicité Ahmed Bifergane, coordinateur de la fédération Nationale des Propriétaires de Cafés et Restaurants au Maroc qui nous a confirmé la détérioration du secteur formel qui souffre d’ores et déjà de plusieurs lacunes.

En nous confiant ses occupations, notre interlocuteur ajoute que « grâce à une diplomatie parallèle, le Maroc a réussi à gagner la confiance des instances internationales pour accueillir la Coupe du Monde ainsi que la Coupe d’Afrique.

On aurait pu s’attendre à ce que la Mairie de Casablanca soutienne cette évolution en mettant en place des initiatives majeures pour stimuler le secteur, comme la réduction des taxes pour améliorer la qualité des services, ou encore en activant le précédent mémorandum du ministère de l’Intérieur visant à réformer la restauration. Cependant, nous avons été surpris par une décision étrange d’approuver les licences pour les food trucks ».

En défendant le secteur formel, le coordinateur de la fédération nous indique qu’il est important de comprendre sur quelles normes ces véhicules s’appuient et quelle est leur valeur ajoutée pour le Maroc. De plus, estime-t-il, « il est essentiel de comprendre leur raison d’être, surtout compte tenu du fait que le Maroc s’apprête à organiser un événement sportif majeur et à accueillir des visiteurs du monde entier avec des sandwichs « Khanz w bnin » ».

« Cette approbation soulève des interrogations si c’est le genre de projets majeurs que le Conseil envisage pour accompagner la Coupe du Monde.

Plutôt que de contribuer à la lutte contre le chômage, cela semble représenter une menace pour le secteur organisé et formel », dit-il encore.

Dans d’autres pays, « ces food trucks existent certes, mais ils sont réglementés et soumis à des conditions strictes. En dehors des zones dépourvues de restaurants et de cafés, il est impératif de reconsidérer les lois et les tarifications régissant ce secteur, surtout face à une inflation qui aggrave déjà la crise dans ce domaine », déplore notre intervenant.

Il est particulièrement choquant de constater que ces food trucks sont autorisés à opérer à l’intérieur du périmètre urbain de Casablanca. Dans d’autres pays, cette activité est généralement limitée aux zones sans assise foncière commerciale.

En conclusion, Bifergane s’interroge si, en matière d’hygiène, de salubrité et de sécurité alimentaire, les food trucks casablancais seront soumis aux mêmes normes rigoureuses imposées aux restaurants, et « ces préoccupations nécessitent une attention immédiate afin d’assurer le bien-être du secteur alimentaire dans la ville ».

hespress

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