Succès Masra, qui avait appelé ses partisans à opérer leur choix le 17 décembre selon leur propre conviction, sans donner de consignes de vote en faveur du oui ou du non, a donc fini par changer d’avis. Ce changement s’est opéré après avoir échangé avec les Tchadiens lors de sa caravane dénommée Transfo-Care au Sud du pays, a indiqué l’opposant. Selon lui, la Constitution soumise au référendum serait meilleure que celle de 1996 et de 2020.
Réalisme politique
C’est du réalisme politique, estime Noel Ndildoum, le secrétaire général du parti Union sacrée pour la République, un parti qui milite pour le oui : « Je trouve que la position du leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra, est une position réaliste. Parce que le fédéralisme aujourd’hui tant prôné par les acteurs politiques se réclamant de ce bord cache un petit grain de scission. Nous ne sommes pas prêts à nous prêter à ce jeu en essayant le fédéralisme dans le contexte actuel.
Je crois que c’est après cette lecture faite que Succès Masra a effectivement compris le piège qui est dans ce fédéralisme. Donc, en appelant à voter pour le Oui et en soutenant l’Etat unitaire, il a fait preuve de réalisme politique ».
Autre argument avancé par l’opposant Succès Masra : l’adoption de cette nouvelle Constitution permettrait d’aller plus vite aux élections et de mettre un terme à la transition en cours.
Désastre politique
Des arguments que réfute Max Kemkoye, le président du parti Union des démocrates pour le développement et le progrès, opposé à l’Etat centralisé. Il est par ailleurs le porte-parole du Groupe de concertation des acteurs politiques, créé pour faire barrage au processus référendaire.
« L’incohérence et l’inconstance de Succès Masra ne surprend guère, » affirme-t-il. « Nous autres comprenons qu’il a les mains liées à cause des moyens financiers reçus et des engagements résultants du fameux accord de Kinshasa. Et ce qui est scandaleux : il a appelé à voter oui dans une justification qui ne convainc personne !
L’argument de mettre fin à la transition n’est aucunement soutenable dans la mesure où il n’a aucun moyen de changer quoi que ce soit avec ce pouvoir, dont il est désormais allié.
Cet appel à voter oui constitue un désastre politique pour lui. Cet appel ne sera suivi d’aucun effet dans la mesure où même la majorité des Transformateurs ne le suivra pas dans ses errements politiques ».
Le scrutin référendaire du 17 décembre consiste à permettre aux Tchadiens de voter oui ou non à une nouvelle Constitution qui maintient le principe d’un Etat unitaire décentralisé.
Si le non l’emportait, le gouvernement devrait, en théorie, proposer une autre Constitution qui reposerait cette fois sur un Etat fédéral.
dw