L’homme a été condamné pour avoir tagué en août dernier des injures antisémites sur la devanture d’un commerce casher à Levallois-Perret. Le discernement de ce prothésiste dentaire à la retraite était altéré lors des faits, selon les conclusions d’une expertise psychiatrique.
Le tribunal de Nanterre a condamné jeudi à quatre mois de prison avec sursis un homme de 74 ans qui comparaissait pour avoir tagué en août des injures antisémites sur la devanture d’un commerce casher à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Le discernement de ce prothésiste dentaire à la retraite, lui-même de confession juive, était altéré lors des faits, a établi cette décision, conformément aux conclusions d’une expertise psychiatrique mentionnée lors des débats.
Le 19 août à Levallois-Perret, cet homme avait tagué neuf fois en lettres noires les mots « juif voleur » sur la sandwicherie casher.
Or lui-même est le propriétaire du local visé par les tags, loué au commerçant, avec lequel il dit avoir eu un différend financier.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était dit à l’époque sur X « profondément choqué par ces inscriptions antisémites insupportables », qui avaient suscité l’indignation dans la classe politique.
« Ce qui compte c’est qu’on me paie ma retraite »
Au cours de l’audience, le prévenu – qui comparaissait sous assistance respiratoire – n’a cessé d’interrompre la présidente, l’avocat général et son propre avocat qui contestait le caractère volontairement antisémite de ces inscriptions.
« Moi j’en ai rien à foutre, juif ou pas juif, ce qui compte c’est qu’on me paie ma retraite, mon loyer », a éructé le prévenu, invoquant tout au long des débats un différend commercial à l’origine de son « coup de sang », comme l’a qualifié la présidente.
« Le fait que (la victime) vous doive de l’argent ne justifie pas que vous alliez taguer tout un immeuble! » s’est exclamée la magistrate.
« Ce que n’entend pas (le prévenu) c’est que c’est encore pire de mettre ‘juif voleur’ en étant soi-même de confession juive, parce qu’on sait à quel point ça blesse, ça ressasse tous les relents antisémites qui existent depuis la nuit des temps », s’est indigné le procureur, qui a requis une « condamnation symbolique ».
Le septuagénaire ne fera pas appel
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public et condamné le prévenu à quatre mois de prison avec sursis, ainsi qu’à indemniser le syndic de copropriété qui s’était constitué partie civile.
« On est passé à côté du drame »: le maire de Champigny-sur-Marne s’exprime après l’agression antisémite dans une crèche
Sollicité par l’AFP, son conseil Me Ian Knafou a indiqué que son client ne ferait pas appel de sa condamnation.
AFP