Les sages-femmes vont être autorisées à pratiquer l’IVG instrumentale en établissements de santé, via un décret qui sera publié au plus tard jeudi 14 décembre 2023, ce qui permettra de lutter « contre les difficultés d’accès » à l’avortement dans certains territoires, a annoncé le gouvernement.
Une salle de soins du centre d’expérimentation de l’avortement instrumenta
Une salle de soins du centre d’expérimentation de l’avortement instrumental de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, le 12 décembre 2023 à Paris
« Au-delà de la capacité qui leur est donnée de réaliser des IVG médicamenteuses depuis 2016, cette compétence nouvelle constitue une réponse forte aux difficultés d’accès » salue le ministre de la Santé Aurélien Rousseau dans un communiqué.
« On donnera le droit à toutes les sages-femmes qui sont formées »
Votée dans la loi de mars 2022 visant à renforcer le droit à l’avortement, cette nouvelle compétence a été expérimentée pendant un peu plus d’un an dans 26 établissements pilotes.
« Ca se passe bien partout où je vais », et sur le terrain les professionnels « sont prêts », s’est réjouie auprès de l’AFP la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Couillard, lors d’une visite mardi dans l’un des premiers établissements pilotes, l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.
« Les dernières discussions sont en cours » sur les détails du décret, qui doit notamment préciser la formation nécessaire et les conditions d’exercice, a-t-elle dit. Le texte paraîtra au plus tard jeudi, date de fin de l’expérimentation.
« On donnera le droit à toutes les sages-femmes qui sont formées (…) J’espère qu’elles seront nombreuses, pour pouvoir pallier » les difficultés, car « il y a certains territoires où aujourd’hui l’IVG n’est pas possible parce qu’il y a un manque de praticiens », a souligné la ministre, citant notamment la Mayenne.
« Il y a un accompagnement global »
Les sages-femmes pourront, comme les médecins, pratiquer ces IVG instrumentales jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée, soit 14 semaines de grossesse, comme l’avaient voté les parlementaires, a-t-elle promis. Un premier projet de décret, qui réduisait ce délai, avait été critiqué fin novembre par les syndicats de sages-femmes.
« Cela fait dix ans que je reçois des femmes en demande d’IVG en consultation et souvent les femmes me demandaient +ce sera vous le jour du bloc ?+ Je suis très heureuse de pouvoir leur dire +ce sera moi+ car il y a un accompagnement global », a déclaré Delphine Giraud, sage-femme coordinatrice de la « maison des femmes » de la Pitié Salpêtrière.
Avant, lorsque le médecin habituellement chargé des IVG instrumentales partait en congés, « c’était compliqué, il fallait mobiliser d’autres médecins, déshabiller d’autres secteurs », a raconté le Pr Marc Dommergues, chef de service de gynécologie-obstétrique. « Ça permet une souplesse d’organisation » et « ça a été complètement accepté » par les patientes.
Le ministère de la Santé a également « décidé d’une revalorisation de 25% des tarifs versés aux établissements de santé pour la réalisation des IVG, qui n’avaient pas été revus depuis 2016 et étaient significativement inférieurs aux coûts supportés par les établissements pour cette activité », a-t-il précisé dans son communiqué.
Ces annonces interviennent le jour où a été présenté en conseil des ministres le projet de loi constitutionnel relatif à la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse.
afp