Le Kenya et l’Union européenne ont signé lundi un accord commercial « historique », le premier d’envergure depuis 2016 entre l’UE et un pays du continent africain, où Bruxelles veut renforcer ses liens économiques face à la présence chinoise.
Cet accord de partenariat économique (APE), négocié de longue date et conclu en juin, garantit aux produits kényans un accès libre de droits et sans quotas au marché européen et des réductions tarifaires pour les produits européens à destination du pays d’Afrique de l’Est.
« C’est (…) le début d’un partenariat historique pour une transformation historique », a déclaré William Ruto lors de la cérémonie de signature du texte dans la capitale kényane Nairobi, en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Mme von der Leyen a qualifié ce partenariat de « gagnant-gagnant », appelant d’autres pays d’Afrique de l’Est à rejoindre l’accord.
« Nous ouvrons un nouveau chapitre dans notre très solide relation et nos efforts doivent désormais se concentrer sur sa mise en œuvre », a-t-elle déclaré.
Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a estimé dans un communiqué que cet « accord historique », avec un pays qui « est le centre économique de l’Afrique de l’Est », « débloquera de nouveaux domaines de coopération et bénéficiera mutuellement à nos travailleurs, entreprises et commerçants ».
L’UE représente plus de 20% des exportations du Kenya, selon des données gouvernementales, principalement des produits agricoles: fruits et légumes, thé, café, fleurs…
Le total des échanges commerciaux entre les deux marchés a atteint 3,3 milliards d’euros en 2022, en hausse de 27% depuis 2018, selon des chiffres de l’UE.
– « Partenariat ambitieux » –
Les parlements kényan et européen doivent désormais approuver le texte, qualifié la semaine dernière par le Conseil européen de « partenariat économique le plus ambitieux » conclu avec un pays en développement.
Il comprend également des engagements en faveur du développement durable, de la protection de l’environnement et des droits du travail.
Cet accord s’inscrit dans une volonté de Bruxelles de tisser des liens économiques plus étroits sur le continent africain pour tenter de contrer la présence de la Chine, qui multiplie les dépenses dans de grands projets d’infrastructures.
Au Kenya, la ligne ferroviaire reliant Nairobi au port de Mombasa (472 km), inaugurée en 2017, a été construite et financée par des sociétés chinoises, pour un montant de 5 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros).
L’UE a pris des mesures pour contrer le programme chinois dit des « Nouvelles routes de la soie », également connu sous le nom de « La Ceinture et la Route », en annonçant en février qu’elle augmenterait les investissements au Kenya de centaines de millions de dollars par le biais de sa propre stratégie, « Global Gateway ».
Le Kenya est considéré par la communauté internationale comme une démocratie stable dans une région régulièrement secouée par des crises politiques ou militaires.
En marge de la conclusion de l’accord en juin, Valdis Dombrovskis avait affirmé à la presse que l’Afrique était « une région prioritaire » pour l’UE, espérant que l’accord avec le Kenya ferait écho ailleurs sur le continent.
Cet accord est l’aboutissement de négociations commerciales entre l’UE et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) débutées il y a une dizaine d’années.
En 2014, l’UE et l’EAC – à l’époque le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie – ont finalisé les négociations en vue d’un accord de partenariat économique, mais seul Nairobi l’a ratifié.
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