Allemagne: recul inattendu du moral des entrepreneurs en décembre

Le moral des entrepreneurs en Allemagne s’est de nouveau détérioré en décembre, après trois mois de hausse, la première économie européenne restant incapable de passer son point bas, selon le baromètre Ifo publié lundi.

L’indicateur a reculé de 0,8 point, à 86,4 points, déjouant les attentes d’analystes sondés par Factset qui pariaient sur une progression.

Ce recul intervient dans un contexte de turbulences dans la politique budgétaire allemande et des incertitudes qui en découlent.

Après quelques mois suggérant une stabilisation de l’humeur des patrons d’entreprises, celle-ci « s’est détériorée » à l’approche de Noël, a commenté Clemens Fuest, président de l’institut Ifo, cité dans le communiqué.

Les quelques 9.000 entreprises sondées se sont dites « moins satisfaites des affaires en cours » et « plus sceptiques quant au premier semestre 2024 », ajoute-t-il.

Dans le secteur de la construction en particulier, lésé par des coûts d’emprunts chers, l’indicateur est tombé à son plus bas niveau depuis septembre 2005, note l’IFO.

Le recul est aussi sensible dans le secteur manufacturier, qui traverse une longue phase de déprime sur fond de prix de l’énergie élevés et de faible demande.

Le commerce de détail subit un revers sur fond d’achats de Noël décevants et d’horizon économique assombri.

Seul le climat dans le secteur des services s’améliore légèrement.

La lecture de l’indice IFO « suggère que les récentes difficultés budgétaires pèsent sur la confiance des entreprises allemandes », note Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Après un sévère rappel à l’ordre du juge constitutionnel mi-novembre, qui a annulé 60 milliards d’euros de crédits mal budgétés, le gouvernement de coalition à Berlin s’est retrouvé désemparé.

Au terme de longues discussions, il a annoncé la semaine dernière que l’Allemagne va de nouveau respecter l’an prochain sa règle de stricte limitation du déficit public, mais au prix de coupes sombres dans les dépenses publiques.

Durant cette crise budgétaire, les entreprises « ont peut-être réexaminé leurs plans d’investissement », estime Jens-Oliver Niklasch, chez LBBW.

La dernière livraison de l’IFO « montre également que le risque de récession reste élevé (en Allemagne), non seulement pour 2023 mais aussi pour 2024 », selon M.Brzeski.

La Banque centrale allemande ne va pas encore aussi loin, mais elle a nettement abaissé vendredi à 0,4% sa prévision de croissance pour 2024, contre 1,2% lors de ses précédentes prévisions en juin.

Pour 2023, elle voit la récession se limiter à 0,1%, contre 0,3% estimé précédemment.

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