ESPACE Au Cnes de Toulouse, un bâtiment va sortir de terre d’ici l’an prochain pour accueillir le « Spaceship FR », un tiers lieu où toutes les bonnes idées pour vivre sur la Lune vont prendre vie.
Comment produire du terreau quand le sol est composé uniquement de régolite, cette couche de poussière que l’on retrouve sur la Lune ? Quelles modifications apporter à un robot cuiseur pour monter des œufs en neige sans que ces derniers s’envolent dans l’espace ? D’ici moins de dix ans, l’Homme devrait à nouveau poser un pied sur le sol lunaire, en vue de s’y installer plus durablement avant de poursuivre sa route vers Mars. Mais avant de retourner sur les pas de Neil Armstrong, il va falloir résoudre quelques problèmes majeurs.
Notamment celui de l’approvisionnement en nourriture, du manque de matière première sur place pour construire des bâtiments habitables ou encore des rayons nocifs pour ceux qui s’y exposeraient trop longtemps. Autant de sujets qui vont occuper au cours des prochaines années, des ingénieurs du Centre national d’études spatiales Cns, des doctorants et étudiants, des start-up ou encore des industriels.
Pour que tout ce petit monde phosphore sur les bonnes idées et technologies à utiliser demain sur le sol lunaire, le Cnes accueille à Toulouse la base « Spaceship FR », un tiers lieu d’innovation interdisciplinaire dont les locaux devraient sortir de terre l’an prochain. Lancé il y a deux ans, il intègre un réseau coordonné par l’Agence spatiale européenne qui compte deux autres sites en Allemagne et en Angleterre.
Accélérateur de technologies
« Quand vous arrivez sur la Lune et que vous vous posez, qu’est-ce que vous voyez : par terre, ce n’est pas trop accueillant, parce que c’est du basalte, ce qu’on appelle du régolite, de la pouzzolane de volcan. La deuxième chose c’est le soleil. Avec seulement ces deux éléments il va falloir créer un environnement où l’Homme va devoir s’adapter », explique Alexis Paillet chef de projet Spaceship FR au centre spatial de Toulouse.
Pas encore en orbite, certains projets sont toutefois déjà bien avancés. Comme ce robot culinaire qui a déjà fait ses premiers essais lors d’un vol parabolique à bord de l’avion AirZeroG. Plus léger et plus hermétique que celui que l’on retrouve dans les cuisines des particuliers, il est surtout en cours de perfectionnement pour pouvoir fonctionner en absence de gravité grâce à un batteur remanié qui permettrait de préparer des mousses au chocolat à 400.000 km du plancher des vaches.
.@ICA_France @IMTMinesAlbi apporte son expertise en matière de #fabrication #additive adaptée aux contraintes de l'environnement lunaire dans le cadre du projet #SpaceShipFR porté par le @CNES. Vers une future base lunaire et/ou martienne 🌑 👨🚀 https://t.co/Ai8P7UPmER
— IMT Mines Albi (@IMTMinesAlbi) June 8, 2021
D’autres pistes sont à l’étude pour créer des outils, mais cette fois en utilisant de la matière importée par l’Homme. « On envisage aussi de pouvoir réutiliser les réservoirs que l’on a envoyés là-bas mais qui seront vides, en arrivant à les broyer à froid et avec l’aluminium qui se trouve à l’intérieur, pouvoir faire des outils. Cela fait partie des solutions écoresponsables », poursuit Alexis Payet.
Tout recycler
Tout comme la possibilité de recycler tout ce que produiront les astronautes sur place. Le Spaceship travaille ainsi avec l’Insa sur le traitement des eaux usées, séparées en eaux jaunes et eaux noires. Grâce à une ingénieuse bactérie introduite dans les urines, qui peut casser les chaînes carbonées et en reproduire d’autres, il sera possible de créer nouvelles choses, notamment du plastique ou des alicaments.
« Dans le domaine du spatial il faut qu’on arrive à recycler le plus possible, l’une des sources de pollution c’est l’Homme. Du côté du traitement des urines, grâce à l’électrolyse, on pourrait récupérer l’eau d’un côté et tout ce qui est phosphate et fertilisant de l’autre que l’on pourrait donner aux plantes », avance le coordinateur du Spaceship français qui aura un rôle d’accélérateur de technologies, qui pourront avoir aussi des applications sur Terre. Comme les traitements de l’air ou de l’eau pour lesquels un partenariat avec le CHU de Marseille est en cours.
Une fois que ces idées auront été validées techniquement par l’équipe, elles seront développées et éprouvées ailleurs, dans des sites de simulation des conditions lunaires, sous la houlette de l’Agence spatiale européenne.
Source: 20minutes
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