Un proche de Maduro libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Washington et Caracas

L’homme d’affaires Alex Saab, un proche de Nicolas Maduro accusé de lourdes malversations, a été gracié mercredi par les États-Unis dans le cadre d’un échange de prisonniers avec le Venezuela. Dix détenus américains ont été libérés et Caracas a remis à Washington un fugitif impliqué dans un énorme scandale de corruption touchant la marine américaine.

Les États-Unis ont annoncé mercredi 20 décembre la libération de dix Américains détenus au Venezuela, tandis que Joe Biden a accordé sa clémence à Alex Saab, un proche du président vénézuélien Nicolas Maduro, accusé de lourdes malversations par la justice américaine. Celui-ci a été accueilli en grande pompe à Caracas à l’aéroport puis au palais présidentiel.

« Nous avons réussi.

Je veux accueillir cet homme courageux. Après 1 280 jours de séquestration, la vérité a triomphé », a lancé le président Maduro, son gouvernement ayant parlé plus tôt de « victoire ». « Aujourd’hui, le miracle de la liberté, de la justice, s’est réalisé », a déclaré Alex Saab dans une brève allocution.

Le président américain ne mentionne pas Alex Saab dans son communiqué. Sa libération a été une décision « extrêmement difficile » à prendre, selon une haute responsable de la Maison Blanche. Joe Biden a indiqué que sur les dix Américains libérés, six étaient détenus par le Venezuela « sans fondement », et il s’est dit « reconnaissant que leur calvaire soit terminé ».

Le président américain a annoncé par ailleurs que les autorités vénézuéliennes avaient remis aux États-Unis un fugitif, Leonard Francis, impliqué dans un énorme scandale de corruption touchant la marine américaine.

20 prisonniers politiques libérés
L’accord passé entre les États-Unis et le Venezuela, dans lequel le Qatar a joué un rôle de médiation, voit aussi Caracas libérer au moins vingt prisonniers politiques. Parmi les Vénézuéliens libérés figure un groupe de syndicalistes arrêtés en juillet 2022 lors de manifestations pour des augmentations de salaire. Ils avaient été condamnés à 16 ans de prison lors d’un procès pour « conspiration » et « conspiration en vue de commettre un crime ».

Une figure de l’opposition vénézuélienne, Roberto Abdul, accusé de « trahison » et de « conspiration avec une puissance étrangère », a aussi retrouvé la liberté dans le cadre de cet accord.

« En outre, ils maintiennent leur engagement en faveur d’élections démocratiques. (…) Ils ont pris des engagements détaillés. Nous verrons s’ils les tiennent. Et nous leur demanderons des comptes », a souligné Joe Biden, assurant ne pas avoir parlé avec Nicolas Maduro. « Nous avons défini des conditions spécifiques pour la tenue d’élections démocratiques. Il les a toutes acceptées. »

Détournement
Toute discussion avec le régime de Caracas est politiquement minée pour Joe Biden, que l’opposition républicaine accuse souvent d’être trop indulgent avec le Venezuela.

Alex Saab, considéré comme un proche du président Nicolas Maduro, était détenu aux États-Unis depuis octobre 2021.

L’homme, que de nombreux experts considèrent comme la cheville ouvrière des affaires financières du régime de Nicolas Maduro à l’étranger, avait été extradé en octobre 2021 du Cap-Vert vers les États-Unis. D’origine colombienne, il est accusé par la justice américaine d’avoir mis en place un système de détournement de l’aide alimentaire à destination du Venezuela, au profit du dirigeant socialiste et de son gouvernement.

Une haute responsable de la Maison Blanche a défendu la décision de le libérer : « Au fond, ce sont dix Américains et un fugitif échangés contre une personne qui retourne au Venezuela. » Le fugitif en question est l’homme d’affaires malaisien Francis Leonard, surnommé « Fat Leonard », qui a donc été remis aux autorités américaines par Caracas.

Assigné à résidence en Californie, il avait coupé son bracelet électronique et pris la fuite avant d’être arrêté au Venezuela en septembre 2022.

Ce sous-traitant militaire avait plaidé coupable en 2015 d’avoir soudoyé des officiers de l’US Navy pour décrocher des contrats pour ses chantiers navals. Selon une haute responsable de la Maison Blanche, l’homme a offert à ses contacts dans la marine américaine de l’argent liquide, des voyages, les services de prostituées, et divers cadeaux tels que « des cigares cubains, du bœuf de Kobé ou des cochons de lait ».

Réchauffement récent
L’un des hauts responsables américains a assuré qu’il n’avait « jamais été question » d’alléger les sanctions contre le Venezuela lors des discussions sur l’échange de prisonniers. Il a précisé que toute décision concernant les sanctions des États-Unis dépendait de progrès en matière de pluralisme politique au Venezuela.

Il y a eu un réchauffement entre Washington et Caracas ces derniers mois.

En octobre, pouvoir et opposition vénézuéliens ont trouvé un accord autorisant la présence d’observateurs internationaux lors de la présidentielle de 2024.

Washington avait allégé pour six mois ses sanctions économiques, imposées en 2019 pour tenter d’évincer Nicolas Maduro du pouvoir. Dans la foulée, Caracas avait libéré cinq prisonniers politiques.

AFP

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