Le pollen, un outil pour mieux comprendre le climat localement

L’analyse du pollen ancien est une discipline rare mais indispensable « à la compréhension des climats régionaux souvent complexes, afin de perfectionner les modèles », estime la paléoclimatologue Maria Fernanda Sanchez Goni, dont les travaux nourrissent une exposition à Bordeaux jusqu’au 29 février.

Cette directrice d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE), spécialisée dans la paléoclimatologie et les sciences de l’environnement, est l’une des seules scientifiques dans le monde à s’être spécialisée dans l’étude du pollen extrait des carottes sédimentaires profondes prélevées dans l’océan.

Cette étude est « très efficace pour documenter l’évolution de la végétation au cours du temps et fournir des données qualitatives et quantitatives du climat », c’est-à-dire des températures atmosphériques et des précipitations, explique-t-elle.

Ce travail de reconstruction des climats passés, combiné à ceux simulés par les modèles, est « indispensable pour comprendre le système climatique naturel, dans un climat actuel déjà influencé par l’Homme, et ainsi mieux anticiper le climat futur », ajoute Mme Sanchez Goni.

L’exposition, coorganisée par l’EPHE, l’unité mixte de recherche EPOC de l’université de Bordeaux et l’Observatoire aquitain des sciences de l’univers (OASU), met en avant l’importance « d’élargir la base des données polliniques surtout dans les régions-sous étudiées, comme l’Amérique et la Sibérie, » afin de garantir une meilleure compréhension climatique régionale.

La chercheuse estime aussi que les données extraites de son travail permettraient « de perfectionner les modèles climatiques » utilisés par des groupes d’experts comme le GIEC qu’elle juge « défaillants, notamment au niveau régional où le climat se complexifie ».

Il y a « des zones du monde dans lesquelles les simulations de modèles sont incohérentes comme en Asie par exemple, projetant des évolutions différentes de la mousson », a-t-elle précisé.

L’étude du pollen ancien permet également de « comprendre l’impact des changements de la végétation sur le climat car la végétation peut réguler la quantité de CO2 atmosphérique, la vapeur d’eau et donc les précipitations, et la température atmosphérique ».

Ainsi, selon elle, « oui, il faut planter des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique mais pas partout ». Son travail aide à savoir où il faut planter et quelles essences.

Ludovic Devaux, assistant-ingénieur au laboratoire Paléoclimatologie et paléoenvironnements marins de l’EPHE, souligne l’utilité de l’exposition bordelaise pour « vulgariser » le travail des scientifiques, afin de « sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche paléoclimatique » qui étudie les climats du passé et leurs variations.

afp

You may like