L’Ukraine lance le Scythe, un drone suicide en réponse aux attaques des Shahed-136

L’Ukraine est en train de produire en masse un nouveau drone suicide pour mener des attaques par saturation des défenses russes. Équivalent au Shahed-136 utilisé par les Russes pour détruire les installations électriques des grandes villes en Ukraine, le AQ 400 Scythe a une autonomie qui lui permet aussi de frapper des cibles en Russie ou en Crimée.

Depuis plus d’un an, la Russie frappe les grandes villes et les installations électriques avec des drones Shahed-136 produits par l’Iran. Ils arrivent par vagues sous les radars et même si 80 % sont neutralisés par les défenses aériennes, ceux qui passent au travers des mailles du filet causent toujours d’importants dégâts et des victimes civiles.

En réponse à ces nuées de drones, l’Ukraine vient de sortir le AQ 400 Scythe.

Conçu par la société ukrainienne Terminal Autonomy, ce drone est déjà produit à 50 unités par mois, mais l’entreprise compte augmenter la cadence et atteindre 500 exemplaires par mois d’ici le second trimestre 2024, avec un objectif final de 1 000 drones par mois. Tout comme le Shahed, il s’agit d’un drone suicide low cost, et le produire en de telles quantités vise à saturer les défenses des forces ennemies en les obligeant à utiliser un maximum de coûteux missiles sol-air.

Côté design, on ne peut pas dire que le AQ 400 Scythe a de l’allure, mais Terminal Autonomy a privilégié l’efficacité et le coût par rapport aux fioritures.

L’appareil est anguleux et dispose de deux petites paires d’ailes à l’avant et à l’arrière. Le moteur thermique est placé sur la queue du drone. Cette configuration permet d’empiler jusqu’à 30 drones dans un conteneur pour les acheminer.

Pas de matériaux chers utilisés habituellement en aéronautique : le fuselage est constitué de plaques de contreplaqué provenant d’un réseau d’usines de meubles. Et nul besoin d’être qualifié pour l’assembler, ce qui permet de produire en masse le drone rapidement. L’autonomie du Scythe serait de 750 à 900 kilomètres selon la motorisation. Un rayon d’action qui permet de frapper en profondeur en Russie et également sur les territoires occupés, comme la Crimée.

Un essaim de drones low cost
La vitesse de croisière du Scythe est limitée à 140 km/h, tout comme le Shahed. De même, sa charge explosive est de 42 kilos. Il peut s’agir de deux obus de 122 mm ou bien d’une bombe thermobarique. Le drone peut décoller d’une route ou d’un aérodrome et s’il n’y a pas de surface adaptée, il peut être propulsé par un moteur-fusée, ou bien catapulté à partir d’une rampe. Sa phase de vol principale se fait à une altitude de 3 000 mètres, ce qui le met hors de portée des missiles de défense.

Il se passe de GPS pour naviguer et emploie à la place un système de positionnement visuel utilisant les voies routières et des points de repère caractéristiques.

Ensuite, en approche de la cible, pour échapper aux brouilleurs, le AQ 400 Scythe plonge pour voler très bas à 30 mètres du sol. Pour cela, il exploite un altimètre laser. L’appareil est autonome, mais il peut également être télépiloté pour devenir un gros drone suicide FPV afin de frapper des cibles en mouvement, comme des blindés. Pour ce qui est du prix, la cellule du drone ne coûte que 15 000 dollars. Le prix peut monter à 30 000 dollars selon les équipements.

Dans tous les cas, le prix du drone est moins élevé que celui du Shahed. Pour réduire le prix d’une attaque en essaim, un drone plus coûteux doté d’un système de guidage perfectionné peut être accompagné de neuf autres drones moins équipés pour saturer les défenses ennemies en limitant le coût.

futura

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