Au Niger, pari à moitié gagné pour les autorités militaires

Alors que les Nations unies viennent de reconnaître le régime militaire comme représentant officiel de Niamey à New York, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a décidé de suspendre le Niger de ses instances. Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius s’était rendu à Niamey mardi (19.12.2023) dernier.

Le président béninois Patrice Talon a lui aussi décidé de « rétablir rapidement les relations » entre le Bénin et le Niger, dans son discours à la nation devant l’Assemblée nationale.

Ce qui ne peut que réconforter les militaires nigériens.

« J’avoue que c’est une très bonne nouvelle. Ce que le transport génère pour le Bénin, c’est vraiment important. Pour une distance de 1400 kilomètres, il vous faut 1400 litres d’essence. Allez comprendre, c’est que le transport fait. Et les bonnes dames qui font des petits commerces sur le corridor Cotonou-Malanville, depuis la fermeture, sont dans une situation critique.

Les transporteurs ne savent plus à quel saint se vouer, mêmes les importateurs béninois », a saluée Rabiou Garba, l’un des responsables des transporteurs du Bénin.

Niamey de nouveau fréquentable

Avant le Bénin et la décision des Nations unies de reconnaître les autorités de Niamey, les États-Unis et l’Allemagne avaient annoncé être prêts à reprendre leur coopération sous conditions. Des décisions prises à la suite d’une annonce de la Cedeao qui avait ouvert la voie à un allègement sous conditions des sanctions contre Niamey.

Mais les autorités militaires du Niger ne peuvent pas crier victoire temporise, le chercheur Gilles Yabi.

Un comité composé des présidents du Togo, du Bénin et de Sierra Leone négociera avec le régime militaire nigérien les engagements à mettre en oeuvre avant un éventuel assouplissement des sanctions, a annoncé le président de la commission de la Cedeao, Omar Touray.

Un comité composé des présidents du Togo, du Bénin et de Sierra Leone négociera avec le régime militaire nigérien les engagements à mettre en oeuvre avant un éventuel assouplissement des sanctions, a annoncé le président de la commission de la Cedeao, Omar Touray.

« Je crois qu’on n’est pas dans une position pour parler de victoire, cependant, il y a une reconnaissance de fait que le pouvoir a changé. Ça a pris plusieurs mois, mais il est très clair aujourd’hui que personne n’envisage le retour du président Bazoum. Il y a une forme de réalisme qui a fini par s’imposer à tout le monde et même au niveau de l’Organisation régionale.

Il y a des discussions pour qu’on arrive à une forme de transition, comme c’est le cas finalement pour les autres pays qui ont connu des coups d’État », a-t-expliqué.

Et pour le chercheur, les enjeux de l’heure ont eu raison sur les tenants de la ligne dure contre le putsch au Niger : « Vraiment que, vu les enjeux pour la région, les enjeux de stabilité pour l’ensemble de la région ouest africaine, ce serait dommage de raisonner en termes de gagnants et de perdants.

Les perdants aujourd’hui, ce sont les populations nigériennes qui connaissent des situations économiques et financières difficiles et, d’une certaine manière, l’ensemble de la région ouest africaine qui est impactée lorsqu’on a une situation de coup d’État, une nouvelle situation qui s’ajoute déjà à plusieurs autres d’instabilité dans la région. »

Les sanctions de la communauté internationale et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à l’encontre du Niger ont de lourdes conséquences économiques pour les pays voisins, notamment le Bénin, du fait de la fermeture des frontières entre les deux pays.

DW

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