Face à un nouvel afflux de migrants à la frontière sud des États-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend mercredi au Mexique pour tenter de trouver des solutions avec le président Andres Manuel Lopez Obrador. Dimanche, une caravane de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique pour tenter de rejoindre les États-Unis.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend mercredi 27 décembre au Mexique pour tenter de trouver des solutions face à un nouvel afflux de migrants à la frontière, sujet d’un débat politique brûlant aux États-Unis.
Ce rare déplacement pendant les fêtes arrive au moment où les élus républicains au Congrès exigent un accord sur l’immigration avec le gouvernement de Joe Biden en échange de leur soutien à une nouvelle enveloppe d’aide pour l’Ukraine.
Des postes-frontières fermés
Ces dernières semaines, quelque 10 000 personnes par jour ont tenté de traverser illégalement la frontière sud des États-Unis, soit près du double des chiffres d’avant la pandémie. Et une caravane de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique dimanche pour tenter de rejoindre les États-Unis.
Débordées par l’afflux, les autorités américaines ont dû fermer des postes-frontières pour s’occuper des migrants qui tentent des traversées clandestines.
Antony Blinken doit rencontrer mercredi à Mexico le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador. Le secrétaire d’État sera accompagné du ministre de la Sécurité intérieure, chargé notamment de la police aux frontières, Alejandro Mayorkas, et de la conseillère à la Sécurité intérieure, Liz Sherwood-Randall.
Le président Lopez Obrador, qui a discuté au téléphone avec Joe Biden le 21 décembre, s’est engagé à renforcer les mesures de contention des migrants dans le sud du pays, à la frontière avec le Guatemala.
La délégation américaine doit discuter avec Andres Manuel Lopez Obrador de « l’urgente nécessité de voies (d’immigration) légales et du renforcement des actions coercitives », selon le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller.
Le Mexique, après des accords avec Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump, accueille sur son sol les migrants qui cherchent à entrer aux États-Unis.
L’ancien président républicain, qui se prépare à affronter Joe Biden dans les urnes en novembre 2024, a récemment redoublé ses attaques contre les migrants, les accusant d' »empoisonner le sang » des États-Unis, des propos qui selon ses détracteurs font écho à la rhétorique nazie.
Dans ce contexte politique tendu, les démocrates tentent de trouver un accord sur l’immigration avec les républicains au Congrès afin de faire approuver en parallèle des dépenses de 61 milliards de dollars pour aider Kiev dans sa guerre avec Moscou. La Maison Blanche a prévenu qu’elle serait « à court de ressources » pour l’Ukraine « d’ici la fin de l’année ».
Dans les négociations, l’administration Biden a notamment proposé de financer 1 300 postes de plus au sein de la police aux frontières.
« Pas de baguette magique »
Washington va sans doute demander au Mexique de garder encore des migrants sur son sol, en leur donnant par exemple des permis de travail, estime Andrew Rudman, chercheur spécialiste du Mexique au sein du cercle de réflexion Wilson Center de Washington. « L’administration Biden cherche à montrer, pour des raisons de politique intérieure, qu’ils font tout ce qui est possible » dans ce dossier, explique-t-il. Mais « l’un des défis, c’est que tout le monde veut une solution tout de suite à un problème mondial qui existe depuis longtemps », « il n’y a pas de baguette magique ».
« La plupart de ces personnes émigrent parce qu’ils ont pris une décision rationnelle : leur vie sera meilleure aux États-Unis », ajoute-t-il.
La plus grande partie d’entre eux fuient des pays d’Amérique centrale ravagés par la pauvreté, la violence et les catastrophes naturelles. Ces derniers mois, une hausse du nombre de migrants venu d’Haïti, dévasté par la violence des gangs, et du Venezuela, fui par plus de 7 millions de personnes selon l’ONU depuis l’effondrement de son économie, a été constatée.
Rencontrée mardi par l’AFP à Comaltitlan, dans la caravane qui est partie du sud du Mexique, María Alicia Ulloa dit être partie du Honduras pour « offrir une vie meilleure à (ses) enfants ». Si elle devait se voir bloquée en chemin, elle rentrerait dans son pays, où « il y a de la criminalité et peu de travail », a-t-elle confié depuis le bord de la route, sac à dos sur les épaules.
AFP