Une nouvelle technologie fondée sur des ultrasons focalisés a permis de nettoyer la valve calcifiée de patients atteints de sténose aortique, une maladie qui touche 42.000 personnes en France.
Un essai clinique mené sur 40 patients à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris a montré l’efficacité d’une thérapie non-invasive innovante contre la sténose aortique.
Diagnostiquée chaque année à 42 000 nouveaux patients de plus de 65 ans en France, cette calcification de la valvule aortique obstrue le flux sanguin du ventricule gauche vers l’aorte.
Elle conduit à une insuffisance cardiaque voire, dans les cas les plus graves, à la mort subite. Elle est généralement traitée par le remplacement de la valve par une bioprothèse. Une opération impliquant outre une chirurgie à cœur ouvert, la prise d’anticoagulants par le patient.
Une technologie non invasive d’ultrasons
Ici, pour nettoyer la valve, une équipe française a eu recours à une technique d’ultrasons focalisés à haute fréquence développée à l’Institut de physique pour la médecine de Paris (Inserm) et l’hôpital européen Georges-Pompidou. Une technologie sur laquelle s’est créée la start-up Cardiawave. Lors de l’essai clinique présenté dans la revue The Lancet, les ultrasons administrés par voie externe, sans chirurgie, ont ainsi permis la micro-fragmentation du calcium bloquant la valve.
De quoi améliorer significativement la qualité de vie des patients traités.
Vue de la valve aortique calcifiée avant (à gauche) et après le traitement par ultrasons focalisés (à droite) où le traitement a permis la micro-fragmentation de la plaque de calcium.
A l’issu de l’essai conduit sur des patients atteints de forme sévère – et inéligibles au remplacement de la valve – répartis sur trois sites en France, aux Pays-Bas et en Serbie, les scientifiques n’ont constaté après deux ans aucun décès ni événement grave (infarctus, AVC ou troubles du rythme) lié à l’intervention.
Surtout, les médecins ont observé une amélioration très nette de la fonction cardiaque et de la qualité de vie (réduction de l’essoufflement dû à l’insuffisance cardiaque notamment).
Un immense espoir pour les patients
« Ces résultats prometteurs représentent un changement de paradigme pour le traitement du rétrécissement aortique calcifié », explique le Pr Emmanuel Messas, cardiologue investigateur principal de l’étude clinique.
Un constat partagé par Mathieu Pernot, directeur de recherche Inserm au laboratoire Physique pour la médecine : « Si son efficacité est confirmée, cette technologie pourrait représenter un immense espoir pour des millions de patients souffrant de formes sévères de sténose aortique et qui se trouvent actuellement dans une impasse thérapeutique. »
De fait, certains patients trop âgés ou trop gravement atteints sont en effet inéligibles à l’opération visant à remplacer la valve aortique. Plus de 10 millions de personnes seraient atteintes d’un rétrécissement aortique calcifié en Europe et aux États-Unis, dont 2 millions de cas sévères notamment chez les personnes âgées.
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