L’origine du séisme au Maroc laisse perplexes les sismologues

D’une magnitude rare pour la région, le séisme survenu au Maroc en septembre dernier avait surpris les spécialistes. Cet événement meurtrier présente d’ailleurs des caractéristiques qui révèlent que nous connaissons encore mal les processus qui participent à la formation des chaînes de montagnes.

Le 8 septembre dernier, un violent séisme a secoué le nord du Maroc. Avec une  de 6,8, il est le plus puissant séisme enregistré à ce jour dans le pays. Il aurait provoqué la mort de près de 3 000 personnes et produit de très importants dégâts.

Un séisme destructeur que l’on n’attendait pas

De prime abord, cet événement a surpris les spécialistes, qui ne s’attendaient pas particulièrement à voir se déclencher un séisme puissant dans cette région du Haut Atlas, dont les archives sismiques sont relativement pauvres. Certes, cette région montagneuse enregistre un taux de déformation lié à la compression tectonique qui se joue dans cette zone de limite de plaques entre l’Europe et l’Afrique. Mais il est cependant peu élevé.

Pour comprendre ce qui s’est passé, des chercheurs de l’USGS ont analysé un large ensemble de données sismiques recueillies durant le tremblement de terre.

Les résultats ont été publiés dans la revue The Seismic Record. Ils révèlent que le séisme s’est produit à une profondeur d’environ 25 kilomètres.

Des valeurs plutôt inhabituelles pour ce contexte tectonique (voir articles ci-dessous) et qui expliquent pourquoi aucune trace de rupture n’a été observée en surface.

Carte montrant l'épicentre du séisme et son mécanisme au foyer, ainsi que les rares séismes enregistrés précédemment (en jaune) et les répliques associées à l'événement (en bleu). © Yeck et al. 2023, <em>The Seismic Record</em>

CARTE MONTRANT L’ÉPICENTRE DU SÉISME ET SON MÉCANISME AU FOYER, AINSI QUE LES RARES SÉISMES ENREGISTRÉS PRÉCÉDEMMENT (EN JAUNE) ET LES RÉPLIQUES ASSOCIÉES À L’ÉVÉNEMENT (EN BLEU). 

Une rupture dans la croûte inférieure inhabituelle pour ce contexte tectonique

Il faut dire que la caractérisation de ce séisme a été compliquée par la faible couverture du réseau sismique dans la région. La station la plus proche se situe en effet à 100 kilomètres de l’épicentre.

Ces données ont donc été implémentées par des données de station plus lointaines (on parle de données télésismiques) et par des données satellitaires montrant la déformation du sol.

La rupture se serait donc produite dans la croûte continentale inférieure, sur une faille inverse qui reste pour l’instant indéterminée.

Ces données montrent que les failles participant à la formation du Haut Atlas s’étendent et sont actives à une profondeur bien plus importante qu’on ne le supposait jusqu’à présent.

Ces résultats révèlent que nous sommes encore loin de comprendre tous les processus participant à la formation des chaînes de montagnes !

futura

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