Afrique: Un médicament révolutionnaire pour prévenir la tuberculose chez l’enfant

NAIROBI — Une nouvelle formulation de rifapentine adaptée aux enfants et approuvée pour la prévention de la tuberculose chez ces derniers, promet un accès plus facile et de meilleurs résultats du traitement.

L’annonce a été faite le 11 décembre dernier après des semaines d’essais cliniques menés par des scientifiques sud-africains de l’Institut Aurum.

L’institut a déclaré que ce régime développé par le consortium IMPAACT4TB, financé par Unitaid, propose des formulations plus courtes et moins chères pour les enfants.

La formulation appelée 3HP (un traitement de courte durée pour la prévention de la tuberculose qui associe une dose élevée d’isoniazide – un antibiotique de première intention utilisé pour traiter les infections tuberculeuses – et de la rifapentine à forte dose), est soluble dans l’eau et aromatisée à la framboise, ce qui la rend plus facile à consommer pour les enfants.

« Étant donné le risque plus élevé et la possibilité de développer des formes graves de la maladie, il est crucial d’évaluer et de fournir aux enfants un traitement préventif contre la tuberculose, de manière appropriée, afin de prévenir la progression vers la maladie »Gavin Churchyard, Aurum Institute

L’Institut Aurum affirme que cette option, dont le prix se situe actuellement entre 6,53 et 15,80 dollars par enfant, est moins chère que les traitements alternatifs préventifs contre la tuberculose pour les enfants, qui coûtent environ 24 dollars en fonction du poids de l’enfant.

Il ajoute par ailleurs que cette option répond au besoin de longue date de meilleures solutions de prévention de la tuberculose chez les enfants.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la tuberculose multirésistante constitue une grave menace pour la santé publique en Afrique, le continent enregistrant quelque 452 000 nouveaux cas résistants à la rifampicine, le médicament de première intention le plus efficace contre la tuberculose.

Gavin Churchyard, directeur général du groupe Aurum Institute, note que les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, courent un plus grand risque de passer d’une infection tuberculeuse à une maladie tuberculeuse que les adultes.

Il souligne que ce risque est amplifié par des facteurs tels que le fait de vivre avec un patient tuberculeux contagieux, le fait d’être séropositif, de souffrir de malnutrition ou d’avoir des problèmes de santé existants.

« Étant donné le risque plus élevé et la possibilité de développer des formes graves de la maladie, il est crucial d’évaluer et de fournir aux enfants un traitement préventif contre la tuberculose, de manière appropriée, afin de prévenir la progression vers la maladie », confie Gavin Churchyard à SciDev.Net.

« La recherche et le développement de la plupart des médicaments ont laissé les enfants de côté.

La plupart des médicaments sont d’abord destinés aux adultes, puis des formulations pédiatriques sont développées. Cela limite l’accès des enfants aux médicaments », dit-il.

Il a ajouté que les outils actuels de diagnostic de la tuberculose chez les enfants étant inadéquats, une prévention proactive peut les protéger contre des décès prématurés et inutiles.

Gavin Churchyard affirme que par le biais de donateurs comme le Global Drug Facility de l’USAID ou grâce à des appels d’offres directs des fabricants, le projet IMPAACT4TB a mis à disposition 85 000 cours au profit des patients des premiers pays qui adoptent cette nouvelle formulation, afin de les aider à commencer la mise en oeuvre de ce traitement antituberculeux plus court adapté aux enfants (3HP).

Tendayi Westerhof, directrice nationale de la Pan African Positive Women’s Coalition, un réseau de femmes vivant avec le VIH au Zimbabwe, déclare que : « nous devons garantir que ce régime soit accessible à de nombreux enfants en sensibilisant les communautés, en particulier en Afrique ».

Elle souligne la vulnérabilité des enfants du Zimbabwe, surtout s’ils vivent dans des ménages où habitent des victimes de la tuberculose.

Aussi prescrit-elle une cartographie des ménages comptant des survivants et des victimes de la tuberculose afin que les enfants de ces ménages soient ciblés pour l’administration de ces médicaments.

Limakatso Lebina, responsable de l’unité d’essais cliniques de l’Africa Health Research Institute basé en Afrique du Sud, soutient que le nouveau régime comble le vide qui existe dans les stratégies de prévention de la tuberculose chez les enfants et les adolescents.

Elle en appelle à un minimum de retard dans l’application des politiques et des lignes directrices pour le processus de prévention de la tuberculose, et préconise des politiques qui conduiront à une forte adoption lorsque ces nouveaux schémas thérapeutiques seront mis en oeuvre.

Limakatso Lebina a décrit le traitement de prévention de la tuberculose comme un besoin clé de santé publique non encore satisfait, car les enfants courent un risque accru en raison de leur système immunitaire sous-développé.

« Ce sont quelques-uns des rares essais qui ont montré que les enfants et autres personnes éligibles peuvent être inclus dans les essais cliniques, quel que soit l’endroit où ils vivent, et ils ont inclus des populations urbaines et rurales », soutient Limakatso Lebina dans un entretien avec SciDev.Net.

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