2023, une année difficile pour les Casques bleus en Afrique

En RDC, les Casques bleus ont été invités à se retirer du pays. Situation quasi identique au Mali, où les soldats de l’Onu ont dû plier bagage.

Malgré ses inquiétudes sur les violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le Conseil de sécurité de l’ONU a engagé ce mois, un retrait anticipé mais progressif des Casques bleus du pays à partir de fin 2023, comme réclamé par Kinshasa.Image : Moses Sawasawa/AP/picture alliance

Les missions de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies  ont eu du mal à protéger les civils et à apporter la stabilité aux pays dans lesquels elles opèrent, en particulier en Afrique.

Dans des pays comme la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, le Mali et la République centrafricaine, les troupes de l’Onu ont eu peu de succès.

Une des explications serait la situation politique de ces pays, selon  l’analyste Adib Saani, directeur exécutif du Centre Jatikay pour la sécurité humaine et l’édification de la paix.

« L’une des raisons est l’instabilité politique. Vous savez, l’Onu ne peut réussir que s’il existe un engagement politique solide au sein de l’espace où elle opère. Mais s’il n’y a pas d’engagement, cela devient très difficile pour elle. Et un pays comme le Mali, par exemple, a été très instable avec les militaires à la tête des affaires. Il devient donc très difficile pour l’Onu de fonctionner dans de telles circonstances, a-t-il expliqué.

La faiblesse des mandats des casques bleus

Au Mali, les habitants ont critiqué l’impuissance de la mission de maintien de la paix de l’Onu, la Minusma, et, en juin, le gouvernement dirigé par la junte a exigé le retrait de celle-ci.

Des éléments de la Minusma au Mali

La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a abaissé debut décembre, le drapeau des Nations unies sur son quartier général à Bamako, clôturant symboliquement dix ans de déploiement dans ce pays en crise d’où la junte au pouvoir la chasse.Image : Nicolas Remene/Le Pictorium/IMAGO

Cette mission avait été déployée il y a dix ans pour contrer l’insurrection séparatiste et islamiste dans le nord du pays.

Le 12 décembre dernier, la Minusma a donc officiellement mis fin à sa présence au Mali. Une mission qui a vu se relayer quelque  20.000 soldats allemands.

L’autre facteur qui pourrait expliquer l’inefficacité des Casques bleus est la faiblesse de leur mandat. Ceux-ci ne sont en effet pas autorisés à recourir à la force, sauf en cas de légitime défense.

« Je ne dirais pas que les missions de l’Onu en Afrique échouent toutes, mais plutôt que c’est la nature de leur mandat qui limite leur efficacité dans les domaines où elles sont censées opérer. En fait, les missions de l’Onu ont des lignes directrices spécifiques, des mandats spécifiques et des limites qu’elles ne peuvent pas dépasser.

Et dans les situations de conflit, parce que les situations de conflit en Afrique sont très fluides et très imprévisibles, cela rend la nature des mandats de l’Onu par rapport aux conflits africains très difficile à gérer ensemble », a estimé Fidel Amakye Owusu, analyste principal des conflits au Conflict Research Consortium for Africa.

.Réformer les opérations des missions de l’Onu pourrait être un moyen de sortir de l’impasse.

Un mandat offensif attribué à une brigade de Casques bleus avait permis, en 2013, de chasser les rebelles du M23 de la ville de Goma, dans l’est de la RDC.

Mais ce précédent reste pour l’instant une exception dans le mode opératoire des missions militaires de l’Onu.

AP

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