La population est privée d’essence sur l’ensemble du territoire depuis l’explosion et l’incendie, entraînant la paralysie d’une grande partie de l’économie.Image : Dan Kitwood/Getty Images
L’explosion à Conakry du principal dépôt d’hydrocarbures a des conséquences dans l’approvisionnement en produits pétroliers dans toute la Guinée. À Labé, de longues files d’attentes et parfois du désordre dans les rares stations-service qui ravitaillent de l’essence dans la ville, en cette période de crise que traverse la Guinée.
« Actuellement, il est compliqué d’avoir du carburant.
On peut venir (à la station) le matin de bonheur et parfois garer deux à trois heures sans avoir de carburant », raconte Diallo Abdoulaye, un jeune conducteur de taxi-moto.
L’explosion et l’incendie à Conakry du principal dépôt de carburant du pays a fait 24 morts et 454 blessés
Les difficultés à s’approvisionner en essence entraînent des répercussions sur le coût du transport interurbain. Alpha, bibliothécaire, emprunte chaque matin un moto-taxi de son quartier Daka pour N’diolou situé à la sortie de la ville.
« Avant, je payais 5000 GNF pour venir, maintenant, je paie entre 10.000 et 15.000 GNF. C’est très compliqué », témoigne Alpha.
« Chacun traite un sujet proche de son domicile »
Même les rédactions de certains médias locaux sont éprouvées par cette situation. Alpha Ousmane Bah, journaliste reporter basé à Labé.
« Actuellement, les rédactions de façon générale fonctionnent sur la base du travail à distance. Chacun traite un sujet qui est plus proche de son domicile pour pouvoir le faire à pied, parce que le carburant coûte cher et même si vous avez l’argent, attendre son tour au niveau d’une station-service est un calvaire. Il faut passer toute une journée pour espérer avoir du carburant. Pour les rédactions, en ce moment, il y a moins de commandes compte tenu de la cherté », se désole le journaliste.
Le vélo un allié pour aller au travail
Face à ces difficultés d’obtenir de l’essence, Moussa Tounkara, tailleur, a lui développé une forme de résilience. A la place de sa moto habituelle, une bicyclette fait désormais son affaire.
« Ma moto est garée depuis une semaine.
Je ne peux pas laisser mon travail et venir passer toute la journée à attendre. Vaut mieux que je prenne un vélo pour faire mes courses. »
Les gestionnaires de certaines stations-services ont confié à la DW que, sur instruction de leur hiérarchie, ils ne peuvent servir que « 2000 litres d’essence et 3000 litres de gasoil par jour ». Une quantité nettement en dessous de la demande.
Les autorités communales, elles, s’impliquent dans la gestion de la crise en faisant respecter les décisions prises par le gouvernement guinéen. Celui-ci a indiqué dans un communiqué que seulement « 25 litres sont autorisés à être servis par véhicule et 5 litres par moto au niveau des stations-services ».
Mamadou Aliou Laly Diallo, le maire de la commune urbaine de Labé, ajoute que : « le marché noir est pour le moment supprimé ».
Pour l’heure, autorités et citoyens sont d’accord que Labé n’est pas à l’abri d’une éventuelle pénurie de carburant. Leur seul espoir, une colonne de camions-citernes aperçus ces derniers jours en train de traverser la ville pour le Sénégal voisin, dans l’espoir de ramener le précieux liquide.
DW