Pourquoi les cours d’eau en Alaska deviennent orange ?

La couleur de l’eau de certaines rivières en Alaska vire à l’orange depuis quelques années. Une conséquence probable de la fonte du permafrost, qui pourrait elle-même provoquer la dissolution de sédiments aquatiques ou encore la prolifération de bactéries, selon certains scientifiques.

Une teinte similaire à de la rouille. C’est la description faite par des scientifiques qui ont récemment découvert un étrange phénomène en Alaska : plusieurs cours d’eau changent de couleur.

C’est notamment le cas des rivières du Parc national de la vallée de Kobuk, situé dans le nord-ouest de l’État, et la chaîne montagneuse de Brooks (qui s’étire d’ouest en est).

Pour Patrick Sullivan, écologiste et chercheur à l’université d’Alaska Anchorage, cité par le Scientific American, cette couleur orangée de la rivière Salmon — dans la vallée de Kobuk — pourrait s’expliquer par la présence de minéraux de fer oxydés, voire d’acide « dans de nombreux cas ». La conductivité électrique d’un cours d’eau aide à indiquer la présence de métaux ou de minéraux dissous.

Et selon Patrick Sullivan, celle de la rivière Salmon était « plus proche de celle des eaux usées industrielles que de celle d’un ruisseau de montagne moyen ».

Ces mesures ont été menées après la saison estivale de 2019, période durant laquelle le cours d’eau a commencé à montrer une teinte orange-vert. Les chercheurs attribuent ce changement de couleur à la fonte du permafrost (ou pergélisol), c’est-à-dire la couche de sol gelé en permanence, qui s’étend principalement autour de l’Arctique, et se ramollit considérablement sous l’effet du réchauffement climatique.

L’association américaine Climate Central estime que les quatre parcs qui pourraient connaître le réchauffement le plus important à l’avenir se trouvent tous en Alaska et que celui de Kobuk Valley devrait se réchauffer le plus d’ici à 2100.

Des cours d’eau orangés aussi au Canada
La situation ne s’observe pas uniquement en Alaska : des chercheurs ont en effet repéré d’importantes nuances orangées sur le fleuve Mackenzie, dans le nord-ouest du Canada, en août 2020. Selon le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, cette couleur pourrait s’expliquer par la prolifération de bactéries ferreuses (non dangereuses pour les espèces aquatiques et la santé humaine) se formant naturellement dans les sédiments de l’eau.

Mais d’autres théories sont à l’étude, notamment la rouille de l’épicéa, un champignon qui se fixe sur les épicéas faisant rougir les aiguilles (qui se dissoudrait ensuite dans l’eau, en la teintant d’orange). Reste à savoir si cette forme de pollution est dangereuse pour les écosystèmes qui peuplent ces cours d’eau.

Les rivières d’Alaska et du Canada ne sont pas les seules affectées par le dérèglement climatique.

D’autres études ont démontré que la hausse des températures produit un impact sur les paysages du monde entier : les forêts et les lacs changent de couleur, les arbres voient leur forme modifiée, tandis que les animaux rétréciraient pour s’adapter au changement climatique… y compris les humains !

futura

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