La province de l’Équateur, située dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a été touchée par des inondations dues à la montée des eaux du fleuve Congo depuis fin décembre 2023. Cette situation a entraîné la destruction des habitations, selon les autorités locales dans la ville de Mbandaka et dans ses zones périphériques.
À Kinshasa, des habitants de la commune de Ngaliema tentent en ce début d’année 2024 de composer tant bien que mal avec cette montée des eaux. Certains doivent se résoudre à quitter leur domicile.
Il s’agit de la crue la plus importante en soixante ans, selon la Régie des voies fluviales après celle de 1961, au niveau du port de Kinshasa.
Le directeur technique de la Régie des voies fluviales, Cédric Tshumbu, a indiqué que « le fleuve Congo était monté à 6m26 au-dessus du niveau moyen de la mer. Aujourd’hui, ce niveau a atteint les 6m05. Presque toute la rade portuaire de Kinshasa est sous l’eau, et le phénomène touche tout le pays ».
Deux semaines avant, des nouvelles inondations ont été signalées à Kinshasa, à Mongala et en Ituri suite au même phénomène. A Kisangani, le fleuve Congo a atteint 8 mètres d’après la RVA. A Mbandaka, à Bandundu et à Kinshasa certaines échelles des ports et maisons ont été submergées par l’eau. L’exemple typique est le quartier Ndanu dans la commune de Mont Ngafula et dans la Cité du fleuve de Kinshasa.
Dans le quartier Kinsuka pécheur, RFI a pu constater cette montée à un niveau tel que les différents habitants du quartier disent n’en avoir jamais connu.
« C’est une catastrophe », confie Simon Mbuyi Munange, le chef de ce quartier.
Ce sont les habitations qui se trouvent au bord du fleuve qui sont principalement touchées, comme celle de Micheline. Elle était en train, ce vendredi matin, de rassembler ses affaires pour quitter son domicile, « son paradis », comme elle le qualifie. « Ici, normalement, on regarde le fleuve couler et c’est apaisant. Maintenant, je ne peux plus vivre ici. Hier, notre maison n’avait pas encore d’eau, mais ce matin, au réveil, nous étions les pieds dans l’eau ». Des amis sont venus l’aider à déménager.
« Je pense que ce sera un déménagement définitif, je ne pense pas revenir ici », a-t-elle témoigné à RFI.
Pour sa part, le docteur hydrogéologue et professeur à l’université de Kinshasa, Godet Bola, a renseigné que « dans nos analyses, nous avons évoqué les effets du changement climatique qui arrivent à impacter le temps de récurrence des inondations dans le pays. Il n’y a pas longtemps nous avons connu une inondation due aux pluies excédentaires, mais qui ne dépass pas celle d’actuelle. Ce sont des inondations qui ne pouvaient revenir après plus de 50 ans mais cela s’est fait après quatre ans.
Celle-ci qui semble dépasser l’inondation de référence que nous avons connue en 1961 ».
A en croire un responsable de la Régie des voies fluviales, cette montée du niveau du fleuve est due à des pluies exceptionnelles de ces derniers mois. Les précipitations ont été détaillées d’être courtes mais plus intenses, un véritable marqueur-clé du changement climatique. A cela s’ajoute la déforestation qui freine l’infiltration de l’eau et favorise les inondations.
Pour son allocution, le docteur hydrogéologue, Godet Bola a renchéri : « quand nous sommes en période de pluie excédentaire, il y arrive une saturation du sol en eau. Cette saturation de sol en eau entraîne pour conséquence dans des zones de plaine des inondations car, il y’a plus de saturation et dans les zones de montagne il y a plus d’érosions. Dans le quartier Ndanu par exemple, il y a des digues qui délimitent les zones sur lesquelles il ne faut pas construire mais, malheureusement elles n’existent plus. Ces espaces ont par conséquent été occupés. Il y a également le refus des eaux de la rivière N’djili.
Comme les eaux du fleuve Congo sont montées, la rivière N’djili ne sait pas se déverser dans le fleuve ».
Du point de vue climatologique, les experts suggèrent au gouvernement congolais d’installer des stations d’observation et d’alerte partout dans le pays afin de prévenir des pluies excédentaires et d’aviser dans le temps record, les localités proches des rivières et du fleuve. Sur le plan environnemental, ils demandent à l’Etat congolais de veiller à la zone frappée d’interdiction de bâtir le long des rivières et du fleuve Congo.
Plusieurs commerces sur le long des rives sont sous les eaux.
Au complexe touristique Kinsuka Beach, la piscine se confond presque avec le fleuve et la grande salle de réception sur pilotis est entièrement submergée. Une situation difficile pour son gérant : « Vous le voyiez ?
Normalement, nous, on a une jolie plage de sable, une plage naturelle. Et là, la plage a disparu, la terrasse est touchée. On avait mis des sacs de sable pour lutter contre l’érosion, mais là, ça ne sert plus à rien. » Il ajoute que le restaurant tente de rester ouvert, car en cette période de vacances, c’est un lieu assez prisé des Kinois, mais le cœur n’y est plus trop.
VivAfrik