Brésil: ni «pardon» ni amnistie pour les émeutiers du 8 janvier 2023

Il y a un an, les partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro ont envahi les sièges du pouvoir à Brasilia. Des actes violents et antidémocratiques qui laissent encore des traces dans la société brésilienne jusqu’à aujourd’hui. Une cérémonie officielle avait lieu à Brasilia ce lundi, et dans les grandes villes des pays, des manifestants sont sortis dans les rues pour défendre la démocratie.

Le 8 janvier 2023, les partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro envahissaient le siège des Trois pouvoirs à Brasilia, une semaine après l’investiture de Lula da Silva. Les institutions ont été saccagées, vandalisées. Un an après, le président a organisé à Brasilia une cérémonie placée sous les auspices de la « Démocratie inébranlable », pour marquer cette date, à laquelle ont été invités les représentants des différents pouvoirs, Chambre des députés, Sénat, Cour suprême, etc.

Certaines personnalités ont cependant décliné l’invitation sous divers prétextes. Ainsi, seuls 13 des 27 gouverneurs étaient présents.

Lula a présidé la cérémonie dans le Salon noir, une vaste salle de réception du Congrès qui avait été saccagée par les manifestants, et quelque 2.000 policiers avaient été déployés pour sécuriser les lieux de pouvoir à Brasilia.

Lors de cette cérémonie, Lula da Silva a exclu d’accorder un quelconque « pardon » à ceux qui ont conçu, financé ou perpétré les attaques de Brasilia. « Il n’y a pas de pardon pour qui attente à la démocratie, à son pays et à son propre peuple… Tous ceux qui ont financé, planifié et exécuté une tentative de coup d’État doivent être punis de façon exemplaire. »

Parmi les 2.170 personnes arrêtées à l’époque, une trentaine d’émeutiers ont déjà été condamnés pour divers crimes, dont tentative de coup d’État, à des peines allant jusqu’à 17 ans de prison. Mais financiers et instigateurs des attaques échappent encore largement à la police. Hier lundi, elle a annoncé l’émission de 46 mandats de perquisition et d’un mandat d’arrêt. L’ancien président Jair Bolsonaro, qui était aux États-Unis le jour des attaques, a déjà été condamné en juin 2023 à huit années d’inéligibilité pour abus de pouvoir politique. Mais d’autres procédures ont été ouvertes contre lui.

Même tonalité à Rio de Janeiro
Là aussi les soutiens de la démocratie sont descendus dans la rue. « Pas d’amnistie ! », le slogan est le même qu’au lendemain des attaques du 8 janvier 2023. Car si certains émeutiers ont été condamnés, la justice a encore du travail selon Caique, jeune étudiant en économie, au micro de notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino. « Ce n’est pas assez de punir ceux qui étaient physiquement présents lors du 8 janvier, mais il faut punir aussi ceux qui l’on incité.

Ce n’est pas un événement qui a explosé de nulle part, c’est le fruit d’une construction faite au cours de ces quatre dernières années, notamment par l’extrême droite. »

Jair Bolsonaro est pointé du doigt par les manifestants comme le principal coupable des attaques. Nilo porte un t-shirt « Bolsonaro en prison ». « Le mentor des événements de Brasilia est libre. Au Brésil, les vrais coupables ne sont pas punis. Si on regarde l’Histoire de ce pays, c’est comme ça que ça se passe : en 1964, les cerveaux du coup d’État militaire ont été amnistiés. »

La place de Cinelândia est habituellement le lieu de manifestation de la gauche à Rio, mais Sueli est ici pour défendre la démocratie avant tout. « Les graines du fascisme ont été plantées, et il faut rester très attentifs. Car la polarisation est encore très forte, et une partie de la population est encore extrêmement conservatrice. »

Une société polarisée
Selon cette retraitée, 2024 sera une année importante pour mesurer l’ampleur de cette polarisation, car les Brésiliens se rendront aux urnes pour les élections municipales, au mois d’octobre.

agences

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