Le président Joe Biden a annoncé, jeudi soir, que des frappes américaines et britanniques avaient été menées « avec succès » sur la capitale du Yémen et d’autres villes du pays contrôlées par les rebelles houthis. Il a averti qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire.
Un pas de plus vers l’escalade régionale du conflit à Gaza. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont effectué, dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 janvier, des frappes au Yémen sur les rebelles houthis qui ont multiplié ces dernières semaines les attaques de navires en mer Rouge.
Ces frappes ont ciblé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, a indiqué la chaîne de télévision de ce groupe rebelle.
La capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida, où les correspondants de l’Agence France-Presse (AFP) ont dit avoir entendu plusieurs explosions, ainsi que les villes de Taëz et Saada ont été visées.
Les frappes ont visé des radars et des infrastructures de drones et de missiles, afin de réduire leurs capacités à s’attaquer aux navires marchands en mer Rouge, a affirmé le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.
L’opération américano-britannique a été menée « avec succès », en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge », a affirmé Joe Biden dans un communiqué, évoquant une action « défensive ».
Le président américain a en outre averti qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire pour protéger les États-Unis et le commerce international.
« Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les États-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation à travers l’une des routes commerciales les plus importantes du monde », a encore affirmé Joe Biden.
Des « frappes nécessaires » et « proportionnées », selon Rishi Sunak
Depuis le 19 novembre, les Houthis ont mené 27 attaques de missiles et de drones près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, selon l’armée américaine.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a évoqué des « frappes nécessaires » et « proportionnées ».
« Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge, cette semaine encore contre des navires de guerre britanniques et américains. Cela ne peut pas durer (…). Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Les frappes ont été menées à l’aide d’avions de combat et de missiles Tomahawk, ont indiqué plusieurs médias américains. De son côté, Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon pour ces frappes conjointes soutenues, selon Washington, par l’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas.
L’Arabie saoudite inquiète d’une possible escalade
« Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein al-Ezzi, cité par les médias des rebelles. « Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression. »
Un porte-parole des rebelles au Yémen, Mohamed Abdel Salam, a affirmé vendredi que les Houthis continueront de cibler les navires liés à Israël en mer Rouge, dénonçant les frappes américano-britanniques « injustifiées » contre son mouvement.
« Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge (…), et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, avait déjà menacé jeudi de riposter à toute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore « plus importantes » que celle particulièrement lourde de mardi.
Les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont multiplié récemment les attaques par missiles et par drones en mer Rouge. Ils disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande de Gaza.
En réponse, les États-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12 % du commerce mondial.
Dix-huit drones et trois missiles avaient alors été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique HMS Diamond et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower.
L’Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement yéménite en guerre contre les Houthis, « suit avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge », a affirmé son ministère saoudien des Affaires étrangères, appelant « à la retenue et à éviter l’escalade ».
AFP