En pleine campagne, Joe Biden accuse Donald Trump d’utiliser une rhétorique « nazie »

Joe Biden a lancé, vendredi, une attaque frontale contre son rival Donald Trump, l’accusant d’utiliser la rhétorique de l’Allemagne nazie, dans un grand discours avec lequel il espère donner un coup de fouet à sa campagne pour la présidentielle de novembre.

L’élection présidentielle de novembre s’approchant, Joe Biden voulait sans doute donner une impulsion à sa campagne présidentielle : dans un discours, le président américain a accusé son rival, Donald Trump, d’utiliser un discours empruntant à l’Allemagne nazie.

Presque trois ans jour pour jour après l’assaut du Capitole, le président démocrate a présenté l’élection comme un choix entre un homme « obsédé par le passé » et par ses propres intérêts (Donald Trump) et un autre à qui n’importent que « l’Amérique » et « l’avenir » (lui-même).

Donald Trump, grand favori des républicains, « est prêt à sacrifier notre démocratie afin d’obtenir le pouvoir », a fustigé le président démocrate près de Valley Forge, en Pennsylvanie, un site historique de la guerre d’indépendance des États-Unis.

« Il parle du sang des Américains qui est empoisonné, utilisant exactement le même langage que celui utilisé dans l’Allemagne nazie », a poursuivi Biden, 81 ans, qui est au coude-à-coude ou juste derrière Donald Trump dans les derniers sondages.

Le président devait tenir son discours samedi, trois ans jour pour jour après l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, par des partisans de Donald Trump qui tentaient d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, mais la date a été avancée à vendredi à cause d’une prévision de tempête.

Offensif, Joe Biden a longuement évoqué vendredi la violence du 6 janvier, « un jour gravé pour toujours dans notre mémoire parce que c’est ce jour-là que nous avons failli perdre l’Amérique ».

L’assaut du Capitole reste un sujet de discorde aux États-Unis : un quart des Américains pensent, sans preuve, que le FBI en est à l’origine, selon un sondage du Washington Post et de l’université du Maryland publié cette semaine.

D’où le fait que « la question la plus urgente de notre époque (soit) de savoir si la démocratie est toujours la cause sacrée de l’Amérique », a lancé Joe Biden. « C’est tout l’enjeu de l’élection de 2024. »

« Trump et ses partisans ‘Maga’ (‘Make America Great Again’, slogan phare du milliardaire républicain, NLDR) non seulement cautionnent la violence politique mais ils en rient », a encore dénoncé le président américain vendredi.

Un porte-parole de Donald Trump, Steven Cheung, a aussitôt rétorqué que Joe Biden était « la vraie menace à la démocratie ». Il l’a accusé d' »utiliser le gouvernement comme arme pour s’en prendre à son principal adversaire politique » et interférer dans l’élection, en allusion aux nombreuses affaires qui cernent Donald Trump en justice.

Et lors d’un meeting dans l’Iowa, Donald Trump a accusé son rival démocrate d' »attiser les peurs », qualifiant l’événement de campagne du président actuel de « pathétique ».

« Menace aggravée »
Auparavant, la cheffe de l’équipe de campagne du président, Julie Chavez Rodriguez, avait estimé que le discours électoral tenu par Joe Biden il y a quatre ans, selon lequel il menait une « bataille pour l’âme de l’Amérique », était plus pertinent que jamais.

« La menace que Donald Trump a fait peser en 2020 sur la démocratie américaine n’a fait que s’aggraver », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le lieu choisi par le démocrate pour son discours est symbolique : Valley Forge a vu George Washington, futur premier président des États-Unis, rassembler les forces militaires américaines qui luttaient contre l’empire britannique il y a près de 250 ans.

« Nous avons choisi Valley Forge car George Washington y a unifié les colonies », a déclaré le directeur adjoint de l’équipe de campagne, Quentin Fulks. « Puis il est devenu président et il a établi le fondement de la transition pacifique du pouvoir – ce que Donald Trump et les républicains ont refusé de faire ».

Cette volonté d’accélération de la campagne de Joe Biden intervient après les critiques de certains démocrates qui estiment qu’elle a démarré trop lentement.

Le président n’a pas réussi à convaincre les électeurs que l’économie s’améliorait malgré des chiffres de l’emploi plus favorables que prévu vendredi, les prix restant « encore trop élevés pour un trop grand nombre d’Américains », a-t-il reconnu dans un communiqué.

Demain, « Biden perdrait »
Autres épines dans le pied du démocrate : l’immigration et le casse-tête de la frontière mexicaine, le soutien à la guerre d’Israël contre le Hamas qui divise son parti ou encore le Congrès qui bloque sa demande de fonds supplémentaires à l’Ukraine.

Le refus de Joe Biden de mentionner les multiples affaires judiciaires de Donald Trump, pour ne pas donner l’impression d’influencer le système judiciaire, l’a aussi privé de l’une de ses principales armes contre le milliardaire républicain.

Mais la première faille de Joe Biden reste probablement son âge. Ses quelques chutes et maladresses de langage sont scrutées à la loupe.

Il connaît la pire cote de popularité pour un président en exercice lors du mois de décembre précédant une élection. « Si l’élection avait lieu demain, le président Biden perdrait », a dit à l’AFP William Galston, expert à la Brookings Institution.

Le premier clip de campagne de Joe Biden sorti jeudi, et qui sera diffusé pour la première fois à la télévision samedi 6 janvier, met en garde contre la menace « extrême » pour la démocratie en diffusant des images de l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021.

« C’était quelque chose d’horrible à voir », a déclaré, jeudi, à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. « Le président continuera d’en parler et de se faire entendre à ce sujet. »

AFP

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