La série « Succession », qui suit les querelles d’une richissime famille aux commandes d’un vaste empire médiatique, a empoché lundi pour la troisième fois le prix de la meilleure série dramatique lors de la cérémonie des Emmy Awards. Côté comédies, « The Bear : sur place ou à emporter » a raflé six récompenses.
Après quatre mois de report provoqués par les grèves à Hollywood, les Emmy Awards ont scrupuleusement suivi le script : les séries « Succession » et « The Bear », parties grandes favorites, ont toutes deux triomphé sans partage, lundi 15 janvier.
Sans aucun suspense, l’ultime saison de « Succession » a empoché pour la troisième fois le prix de la meilleure série dramatique, après ses sacres de 2020 et 2022. Elle a raflé six prix au cours de la soirée. Noire et grinçante, cette production HBO suit les querelles intestines des Roy, une richissime famille aux commandes d’un vaste empire médiatique.
Ce qui n’est pas sans rappeler le pouvoir d’influence d’un certain Rupert Murdoch aux États-Unis.
« Dans notre série, c’est vrai, certaines choses sont assez proches de la vie et de la politique américaine », a reconnu le scénariste en citant le nom du magnat australien, notamment propriétaire de Fox News et du Wall Street Journal. La série traite de « la famille mais aussi du fait que (…) la couverture partisane de l’actualité s’entremêle avec une politique de droite source de divisions », a-t-il ajouté, le soir même où Donald Trump a remporté les primaires républicaines dans l’Iowa.
La distribution de la série a fait main basse sur la plupart des prix d’interprétation dramatiques : meilleur acteur pour l’effronté de la famille Kieran Culkin, meilleure actrice pour Sarah Snook, seule femme héritière des Roy, et meilleur second rôle pour son mari à l’écran, Matthew Macfadyen.
Outre le chant du cygne de « Succession », les catégories dramatiques ont honoré Jennifer Coolidge, meilleur second rôle féminin dans « The White Lotus », satire chic et grinçante sur l’hypocrisie des riches.
La révélation « The Bear »
Côté comédies, « The Bear : sur place ou à emporter » a confirmé son statut de révélation du paysage cathodique américain, avec six récompenses lundi soir. Sa première saison, qui plonge dans l’envers mouvementé des cuisines d’un restaurant de Chicago, a raflé le prix de la meilleure comédie, ainsi que ceux des meilleures réalisation et écriture.
Ses vedettes, Jeremy Allen White (meilleur acteur), Ayo Edebiri (meilleur second rôle féminin) et Ebon Moss-Bachrach (meilleur second rôle masculin), se sont également adjugées la plupart des prix d’interprétation dans les catégories comédies.
Face à ce rouleau compresseur, seule « Abbott Elementary », un faux documentaire parodique sur le manque de moyens d’une école primaire majoritairement afro-américaine de Philadelphie, a réussi à exister. Son héroïne Quinta Brunson a reçu le prix de la meilleure actrice.
Dans la catégorie très disputée des mini-séries, limitées à une saison, la production Netflix « Acharnés » a elle dominé les débats. Ce feuilleton, qui suit le jeu de massacre auquel se livrent deux automobilistes passablement énervés après un accrochage sur un parking de Los Angeles, a été élu meilleure mini-série et a permis à ses deux stars, Steven Yeun et Ali Wong, de remporter les prix d’interprétation.
Les Emmy Awards, équivalent des Oscars pour la télévision américaine se déroulent habituellement en septembre, mais les grèves des acteurs et scénaristes d’Hollywood ont bouleversé leur calendrier. L’industrie a été paralysée pendant six mois, avec des acteurs interdits de promotion pendant le mouvement social, ce qui a forcé la cérémonie à reporter sa soirée en janvier.
« Discours succincts »
Une décision qui n’a pas arrangé les organisateurs, qui tentent de contrer la baisse des audiences de cette grand-messe de la télévision américaine.
Pour leur 75e édition, les Emmys étaient malheureusement pris en sandwich entre plusieurs grandes dates de récompenses hollywoodiennes, dont les Golden Globes et l’annonce des nominations aux Oscars. Sans compter qu’en raison du report, ils récompensaient des séries dont les saisons nominées ont souvent débuté il y a dix-huit mois, une éternité dans le monde du divertissement.
Le présentateur de la soirée, Anthony Anderson, a néanmoins tenté de redresser la barre, en chargeant sa mère d’interrompre les vainqueurs trop longs dans leurs remerciements.
« J’aimerais vous demander à tous de garder ces discours succincts », a plaisanté la star de la série « Black-ish », alors que les cérémonies de remise de prix américaines luttent pour séduire les plus jeunes, davantage enclins à regarder un résumé des meilleurs moments après coup sur les réseaux sociaux.
En 2022, les Emmy Awards avaient été suivis par seulement 5,9 millions de téléspectateurs. Soit encore moins que l’édition de 2020, surnommée « PandEmmys », quand les stars étaient restées chez elles pour cause de confinement.
AFP