Retrouver un bon usage des réseaux sociaux. C’est l’une des promesses faites par Emmanuel Macron mardi 16 janvier, à l’occasion de sa conférence de presse. Mais certains acteurs politiques et privés n’ont pas attendu son discours pour protéger les plus jeunes des dérives d’Internet.
Il faut «reprendre le contrôle de nos écrans».
C’est mot pour mot ce qu’a évoqué Emmanuel Macron mardi 16 janvier, lors de sa conférence de presse. Concrètement, le président entend déterminer le bon usage de nos téléphones portables, ordinateurs, tablettes. Le président a fait appel à un collège d’experts, qui rendra ses conclusions fin mars, afin de mettre en place, éventuellement, de nouvelles restrictions, voire des interdictions, en matière d’usage des écrans, notamment par les plus jeunes.
Selon une étude de l’Observatoire Cetelem avec Harris Interactive, publiée en mars dernier, le risque d’addiction chez les 15-24 ans est de 89% et, plus l’exposition intervient tôt, plus le danger est important.
Il y a donc urgence. C’est pourquoi acteurs publics et privés n’ont pas attendu pour mettre en place des gardes-fous. Tour d’horizon des solutions existantes.
- Les jeunes Français de moins de 15 ans n’auront plus accès aux réseaux sociaux (ou presque)
L’année dernière, l’Assemblée nationale a pris à bras le corps la question du contrôle des réseaux sociaux chez les plus jeunes. Avec la loi du 7 juillet 2023, de nouvelles obligations sont imposées aux géants des réseaux sociaux comme TikTok, Instagram, Snapchat, Facebook…
Ils devront impérativement refuser l’inscription d’enfants de moins de 15 ans, sauf en cas d’accord des parents.
Et ils doivent leur adresser une notice les informant des risques liés aux «usages numériques et dess moyens de prévention» et activer, lors de l’inscription d’un mineur, un dispositif de contrôle du temps passé en ligne. Pour vérifier l’âge, les plateformes de réseaux sociaux devront mettre en place une solution technique élaborée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), après consultation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Et s’ils ne le font pas ?
Une amende correspondant à 1% de leur chiffre d’affaires mondial leur sera demandée.
Cette majorité numérique, précise le texte de loi, «doit aussi s’appliquer aux comptes déjà créés et détenus par des enfants de moins de 15 ans avant la loi (les réseaux sociaux auront deux ans pour recueillir l’accord des parents)».
- Protéger la vie privée des mineurs des dérives de leurs parents
De plus en plus de parents postent des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, sans prendre en compte les dangers qui en découlent. D’autres, et c’est un autre problème, monétisent l’image de leur enfant qu’ils érigent en véritable influenceur. Face à cela, le député renaissance Bruno Studer a fait voter en mars dernier une proposition de loi sur le droit à l’image des mineurs.
Dans son propos introductif il a avancé des chiffres qui font froid dans le dos… «50 % des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux».
Cette loi vise à «responsabiliser les parents» et à introduire la notion de vie privée de l’enfant. En cas de désaccord entre les deux parents, un juge pourra trancher. Mais si le comportement des deux porte gravement atteinte à l’image de l’enfant, la justice se réserve le droit de nommer une tierce personne qui pourra exercer le droit à l’image du mineur.
- Revenir aux fondamentaux de la communication
Certains parents seraient tentés de tout simplement retirer le smartphone à leur enfant. Au lieu d’en arriver à de telles extrémités et de se priver de cet outil de communication rassurant, une alternative a germé dans l’esprit de Maïlys Cantzler. Il y a un an, cette maman a dû faire face à la dépression de son fils de 10 ans, victime de cyber-harcèlement.
Une situation douloureuse qui lui a fait prendre conscience des conséquences des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants.
Une idée a germé dans son esprit : sans se départir de l’intérêt du téléphone, retirer simplement ce qui cause problème : les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’est né The Phone, un smartphone on ne peut plus banal, «pour libérer les enfants des méandres de l’ultra- connexion», lit-on dans le communiqué de presse. Impossible pour le jeune d’y télécharger des applications, le téléphone ne peut recevoir qu’une connexion pour les appels et les messages. Autre point louable : son prix, dede 100 euros. Sa sortie est prévue courant printemps 2024.
- Réduire au lieu d’interdire
Pour les parents qui ne souhaitent pas priver leurs enfants de réseaux sociaux, plusieurs outils existent afin d’en limiter l’utilisation. Quand ce ne sont pas les plateformes elles-mêmes qui initient une telle limitation, à l’instar d’Instagram, qui permet aux parents d’exercer un droit de surveillance, de poser des limites quotidiennes (la nuit, pendant les cours…) et de connaître les personnes suivies par l’adolescent, d’autres acteurs du numérique s’emparent de ces questions.
C’est le cas de certaines applications en ligne comme Family Link proposé par Google ou Digital Coach. Avec elles, les parents gardent un œil sur la consommation numérique de leur enfant en vérifiant le temps passé sur écran, fixant des limites, verrouillant l’appareil à distance ou encore en ayant la possibilité de voir quelles applications ont été consultées et téléchargées.
- Responsabiliser son enfant
Rien de mieux que d’apprendre par soi-même. Au lieu d’entrer dans un rapport de forces et de frustration avec son enfant, des dispositifs ont été mis en place pour le rendre acteur de sa consommation numérique. C’est le cas notamment du jeu éducatif en ligne l’Ecole des Réseaux Sociaux, qui s’adresse aux enfants de 6 à 10 ans.
Le jeu est composé de 59 cartes.
Pour gagner, le jeune doit répondre correctement à au moins trois questions qui ouvrent la voie à des discussions mais aussi à des conseils adressés aux parents. Par les temps qui courent, les réseaux sociaux sont devenus l’arène favorite de la désinformation. Si les adultes se font berner, imaginez ce qu’il en est pour les enfants. Info Hunter est donc un parcours numérique pédagogique qui permet d’aborder les sujets liés à l’information et de repérer celles qui sont fausses. Un premier pas pour décrypter l’actualité.
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