Des perquisitions ont été menées lundi à Bercy dans le cadre d’une enquête qui doit déterminer si le PSG a bénéficié d’une faveur fiscale lors du transfert de l’attaquant brésilien Neymar en 2017 depuis Barcelone, le plus cher de l’histoire.
Les perquisitions, révélées jeudi par Mediapart, ont été diligentées «dans les locaux de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) dans le cadre de l’instruction judiciaire en lien avec le PSG, portant notamment sur des faits de corruption et trafic d’influence», a confirmé une source judiciaire à l’AFP. Ces opérations ont été menées par l’Office central de lutte contre la corruption et la fraude fiscale (Oclciff) et par la police des polices (IGPN), en présence des juges d’instruction Vincent Lemonier et Serge Tournaire, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
Plusieurs services de la DGFiP ont été perquisitionnés dont le bureau du directeur général, selon Mediapart, qui était occupé jusqu’à récemment par Jérôme Fournel, aujourd’hui directeur de cabinet du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Sollicitée par l’AFP, la DGFiP n’a pas souhaité commenter.
Ces soupçons s’inscrivent dans une instruction menée depuis septembre 2022 autour des opérations d’influence attribuées à l’ex-directeur de communication du club, Jean-Martial Ribes, 57 ans. Mis en examen le 1er décembre pour une kyrielle d’infractions, M. Ribes est suspecté d’avoir utilisé ses fonctions pour obtenir des renseignements sensibles pour le PSG, aussi bien que des avantages personnels pour sa famille, le tout en échange de contreparties.
La justice se demande si l’ex-vice-président macroniste de l’Assemblée nationale Hugues Renson a tenté d’obtenir du gouvernement des «avantages fiscaux» pour le PSG lors du transfert pour 222 millions d’euros de la superstar brésilienne dans le club de la capitale. Mardi, le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), avait d’ailleurs demandé au gouvernement de lui communiquer «dans les meilleurs délais» des documents fiscaux relatifs à ce transfert.
Dans un rapport d’enquête transmis le 21 novembre au magistrat instructeur, l’IGPN s’interroge sur un possible «trafic d’influence» impliquant M. Renson, délit passible de 10 ans de prison et d’un million d’euros d’amende, ou le double du produit de l’infraction, rappelle une source judiciaire à l’AFP.
D’après ce rapport portant sur dix ans de messages avec lui retrouvés dans le téléphone de M. Ribes, l’ex-«dircom» a «sollicité (…) sans équivoque (…) des services» de celui qui a été conseiller de Jacques Chirac à l’Elysée. En retour, celui qui travaille désormais pour EDF a postulé au PSG «à plusieurs reprises», et «bénéficié de nombreuses places à des matches» du club ou d’autres avantages, y compris entre 2017 et 2022 pendant sa députation.
Gérald Darmanin impliqué
Moment-clé fin juillet 2017, la négociation autour de l’arrivée au PSG de Neymar après le paiement au FC Barcelone de la clause libératoire, transfert le plus cher de l’histoire. M. Renson s’engage alors, d’après le rapport, dans des échanges intenses avec M. Ribes mais aussi Nasser Al-Khelaïfi, le patron qatari du PSG. L’ex-vice-président de l’Assemblée nationale affirme le 24 juillet relayer auprès de Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, un «sujet PSG» qui semble être la fiscalisation du transfert. M. Renson rassure ses interlocuteurs : M. Darmanin «y travaille». Puis M. Renson écrit notamment à Jean-Martial Ribes que Gérald Darmanin «considère que c’est bon (…).
Ce qui compte, c’est que les documents que nous avions évoqués soient produits. Ils protègeront».
A l’époque, M. Darmanin s’était publiquement «réjoui des impôts que Neymar (allait) pouvoir payer en France», et avait garanti que ses services allaient analyser de près le montage financier du transfert. Le 3 août, le deal historique est conclu et annoncé. Le lendemain, d’après le rapport, «M. Renson remercie M. Ribes» qui aurait permis à ses deux fils d’accompagner les joueurs du PSG au Parc lors de leur entrée sur le terrain pour la reprise de la Ligue 1.
Selon une source proche des négociations, il n’y a «rien de mal à ce qu’une entreprise s’adresse à un gouvernement pour discuter du traitement fiscal d’une transaction importante». Sollicité, l’entourage de Gérald Darmanin n’a pas souhaité réagir à la perquisition effectuée lundi.
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