Pollution aux produits chimiques en Méditerranée : des raisons de se réjouir mais…

Très polluée par les microplastiques, la Méditerranée affiche une bonne santé sur le front de la pollution aux produits chimiques. Attention toutefois à certaines substances comme le mercure ou les PCB, présentes à des taux inquiétants dans certains poissons vivant près des côtes entre Marseille et Toulon.

Elle est connue pour être l’une des plus polluées de la planète par les microplastiques avec, selon le WWF, une concentration quatre fois supérieure à celle que l’on trouve dans le « septième continent », baptisé également mer de plastique, au beau milieu de l’Atlantique. Sur le front de la pollution aux substances chimiques, la Méditerranée peut, en revanche, s’enorgueillir d’avoir une eau largement épargnée de pollutions majeures.

Selon un rapport publié ce vendredi par l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) et l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, « la contamination chimique de ses eaux côtières françaises est stable et 90 % des points suivis présentent des niveaux de contamination en dessous des seuils réglementaires environnementaux ».

Ce tableau encourageant s’appuie sur un travail de suivi et d’observations scientifiques au long cours : 20 ans, de 1998 à 2018, à traquer jusqu’à 65 contaminants différents sur 70 zones maritimes côtières. Les scientifiques réalisent des prélèvements directement dans l’eau mais aussi dans les sédiments des fonds marins et aussi dans des moules, un coquillage particulièrement sensible au moindre changement de son environnement, élevées au sein de stations artificielles.

« L’arrêt d’activités industrielles dans certains secteurs a permis de faire baisser drastiquement les niveaux de pollution historique, observe Marc Bouchoucha, biologiste en environnement marin au centre Ifremer de Méditerranée à La Seyne-sur-Mer. C’est le cas au large de Narbonne pour le cadmium, ou de l’insecticide DDT au large de Montpellier. »

Mais, souligne Marc Bouchouch, « il reste toutefois des sites bien identifiés qui continuent de souffrir durablement avec des niveaux de contamination élevés, dépassant parfois les seuils réglementaires environnementaux. Le Cap Corse en fait partie avec une présence toujours forte en nickel dans les fonds marins. Cela provient des roches concassées rejetées autrefois en mer par la mine d’amiante de Canari, fermée en 1965. La rade de Toulon reste elle aussi touchée par une présence élevée en plomb, mercure, zinc et divers hydrocarbures. C’est notre héritage d’un passé industriel et militaire avec lequel il faut composer mais qui s’amoindrit année après année ».

Attention aux poissons contaminés

« Aujourd’hui, les voyants sont plutôt au vert, mais des points de vigilance persistent et de nouvelles pollutions émergent », alerte toutefois François Houllier, PDG de l’Ifremer. Le mercure et les PCB concentrent l’essentiel des problèmes dans leur capacité à s’accumuler durablement dans certaines espèces de poissons… puis dans la chaîne alimentaire avec des conséquences sur la santé humaine.

Plus de 65 % des roussettes pêchées à la côte et 85 % des sébastes prélevés au large des côtes méditerranéennes, particulièrement dans le golfe du Lion et à l’est de la Corse, présentent des niveaux de mercure supérieurs aux seuils réglementaires sanitaires.

Bien qu’interdits en France depuis 1987, les PCB sont toujours présents dans les eaux de la grande bleue avec des valeurs élevées à proximité des secteurs de Fos, de Marseille et dans la rade de Toulon. Les poissons du golfe du Lion – notamment le rouget et le merlu en zone côtière – sont aussi plus affectés par ces polluants persistants que leurs congénères de Corse.

Source: leparisien

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