Berlin se félicite de l’efficacité des contrôles fixes à ses frontières

L’Allemagne affirme avoir constaté une baisse des d’entrées irrégulières sur son territoire depuis la Pologne, la République tchèque et la Suisse au mois de décembre.

Selon les données provisoires de la police fédérale, près de 2 900 entrées irrégulières ont été enregistrées le mois dernier. En novembre, ce chiffre était d’environ 4 000 et de quelque 5 500 pour la seconde moitié d’octobre.

En tout, un peu moins de 2 000 personnes ont été fouillées aux frontières avec ces trois pays en décembre. Parmi elles, près de 340 ont fait l’objet d’un mandat d’arrêt.

Pour le gouvernement allemand, cette baisse s’explique par la mise en place de contrôles fixes aux frontières allemandes. Instauré en octobre, ce dispositif censé être temporaire a été prolongé à plusieurs reprises et les contrôles doivent se poursuivre au moins jusqu’au 15 mars prochain.

Un camion est contrôlé à la frontière entre l’Allemagne et la République tchèque. Crédit : Picture alliance
Un camion est contrôlé à la frontière entre l’Allemagne et la République tchèque. Crédit : Picture alliance

 

La ministre allemande de l’intérieur Nancy Faser justifie le maintien de ces contrôles par la lutte contre la criminalité liée à la contrebande et la limitation de la migration irrégulière. Selon elle, les contrôles « fonctionnent » et permettent dans le même temps de mettre un terme aux activités des passeurs.

Par ailleurs, des contrôles fixes sont en place à la frontière terrestre entre l’Allemagne et l’Autriche depuis l’automne 2015. À cette époque, l’Autriche était alors le lieu privilégié des passages clandestins de migrants en provenance de Syrie et d’Afghanistan notamment.

Selon la police, plus de 127 000 entrées non autorisées ont été enregistrées dans toute l’Allemagne l’année dernière, contre un peu moins de 92 000 en 2022.

La baisse des arrivées pourrait aussi s’expliquer par le froid

Le député d’extrême droite Leif-Erik Holm a accusé le gouvernement d’agir « trop tard » face à l’augmentation des entrées illégales, dénonçant l’absence de « protection efficace des frontières extérieures de l’Union européenne ». 

Il réclame des « contrôles fixes permanents à toutes nos frontières extérieures », alors que l’Allemagne reste le principal pays de destination des demandeurs d’asile et des migrants économiques en provenance de « pays tiers sûrs ».

Cependant, si Berlin se félicite de l’efficacité des contrôles, il faut rappeler que le froid de l’hiver a également une influence sur les flux migratoires, le voyage devenant plus dangereux et risqué.

Selon les statistiques, les baisses des entrées irrégulières en décembre 2020 et 2021 avaient ainsi été partiellement attribuées aux conditions météorologiques.

Andreas Roßkopf, du syndicat de la police allemande (GdP), ajoute que les pays voisins ont réagi aux mesures allemandes en intensifiant leurs propres contrôles aux frontières avec l’Allemagne, ce qui explique aussi la baisse des traversées sans visa. Néanmoins, il s’attend à une nouvelle augmentation au printemps.

Les contrôles aux frontières : un défi pour l’espace Schengen

De nombreux pays de l’espace de libre circulation Schengen continuent d’appliquer des contrôles fixes aux frontières sous prétexte de lutter contre l’immigration clandestine. Bruxelles ne prévoit toutefois pas la réimposition permanente des contrôles aux frontières.

Le cadre règlementaire de Schengen autorise des contrôles temporaires aux frontières intérieures en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure. Il doit s’agir d’une « mesure de dernier recours, dans des situations exceptionnelles, et doit respecter le principe de proportionnalité ».

En octobre, la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Ylva Johansson, a fait part de ses préoccupations, parlant d’un défi pour l’espace Schengen. « Même s’ils sont justifiés par des raisons graves, la sécurité intérieure ou le franchissement illégal des frontières, les contrôles aux frontières intérieures entravent également la libre circulation », a-t-elle déclaré. « Nous devons les éviter ».

dpa

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