Les agriculteurs en colère multiplient les actions pour faire pression sur le gouvernement

Les agriculteurs manifestent de nouveau leur colère jeudi dans toute la France pour sommer le gouvernement de répondre sans délai à leur détresse, par des aides financières d’urgence mais aussi la réduction des normes par lesquelles ils disent être étouffés.

Gabriel Attal a réuni jeudi matin les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie et de premières mesures seront annoncées vendredi.

Le temps presse d’autant plus pour le gouvernement que les « syndicats risquent d’être débordés si l’attente est trop longue », ont alerté les services de renseignement dans une note consultée par l’AFP, soulignant que « les risques de troubles à l’ordre public sont réels ».

Des viticulteurs ont ainsi forcé jeudi matin les portails de deux entrepôts de la grande distribution près de Béziers (Hérault), après avoir incendié des palettes dans la cour d’un grand négociant de vin, a constaté un correspondant de l’AFP. « Maintenant c’est du pain ou ça sera du plomb », proclamait une pancarte dans ce cortège de quelque 80 tracteurs ou remorques à Villeneuve-les-Béziers.

Cette manifestation n’était pas déclarée, contrairement à celle qui a débuté dans les rues de Rennes vers 11H00 avec une centaine de tracteurs et plusieurs centaines de personnes venus de toute la Bretagne à l’appel du syndicat Coordination rurale.

Rejoints par quelques dizaines de marins-pêcheurs, eux aussi remontés contre les normes européennes et les charges financières croissantes, ils ont mis le cap vers la préfecture de région, avec klaxons tonitruants, fumigènes et effigies de pendus.

« On en a ras le bol car on ne vit plus de notre métier », a résumé peu avant le départ Nathalie Possémé, présidente de la Coordination rurale du Morbihan et éleveuse de poules bio.

« Si on veut des aliments de qualité, il faut le payer », a-t-elle insisté.

A la périphérie de Lille, des dizaines de tracteurs avançaient sur l’autoroute A1, axe européen majeur vers Paris, avec en tête une pancarte « Assez Macron, l’agriculture est en péril ». « On nous prend pour des criminels, on a des contrôles vétérinaires, phytosanitaires, il faut deux diplômes pour avoir un pulvérisateur alors qu’on a tous été formés en écoles agricoles », peste Quentin Destombes, président des Jeunes agriculteurs du Nord.

« Des tomates, poivrons et avocats » ont été notamment déversés sur la route. « 90% des marchandises qu’on voit passer sont étrangères », a déploré Mme Roussin.

– La Confédération paysanne aussi –

Dans le Gers, des agriculteurs ont déversé huit bennes chargées de terre, gravats, souches et branches d’arbres, étalés sur plusieurs dizaines de mètres sur l’A65 dans le sens Pau-Bordeaux.

Les actions d’agriculteurs se rapprochaient également de Paris, avec une opération escargot menée par des tracteurs sur la N12 dans les Yvelines.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné mercredi soir des consignes de « grande modération » aux préfets, leur demandant de ne faire intervenir les forces de l’ordre qu’en « dernier recours ».

« Ras-le-bol général », « exaspération », « l’agriculture va mal », « pessimisme »: partie du sud-ouest la semaine dernière, la fronde des agriculteurs a pris de l’ampleur avec l’appel de la Confédération paysanne, troisième syndicat d’agriculteurs et classé à gauche, à la mobilisation. En plus de la FNSEA et de la Coordination rurale, à qui elle s’oppose pourtant sur de nombreux sujets.

Cultivateurs et éleveurs partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire l’impact sur la biodiversité et le climat, sur fond de revendications très diverses: marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole…

Des annonces immédiates sont possibles, comme une ristourne sur le carburant des tracteurs.

Des députés ont recommandé dans un rapport mercredi « la mise en place de prix planchers pour les produits agricoles ».

Le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, Jean-Paul Mattei, le parti du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, a jugé jeudi sur Radio J « assez raisonnables » ces demandes de la FNSEA.

AFP

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