Remontons au 24 novembre dernier. Ce jour-là, êtes-vous surpris de votre sélection pour les JO de Paris 2024 ?
Walide Khyar : Non. En toute modestie, je m’y attendais : je finis troisième aux championnats du monde, troisième aux championnat d’Europe. J’ai été plus que constant ces dernières saisons.
Khyar surprend An et s’offre une belle 3e place
Ça donne du temps et ça crée de la confiance ?
W.K. : Oui. Ça laisse le temps de se concentrer sur ce qui est important, primordial : l’entraînement, le choix des compétitions, toutes ces choses. C’est un très gros poids en moins. C’est super agréable de savoir qu’on nous donne huit mois pour se concentrer sur les Jeux. C’est fou.
Ciblez-vous votre préparation en fonction des autres sélectionnés ou avez-vous de toute façon un plan bien précis à appliquer ?
W.K. : Les deux. J’ai un plan avec l’équipe, le club, la fédération. Bien sûr, il faut travailler de manière individualisée, chaque adversaire sera abordé différemment.
Vous êtes 13e à la ranking list olympique avant ce Grand Prix du Portugal. Est-ce que ça a de l’importance d’aller chercher des points pour être dans le top 8, et donc tête de série, cet été ?
W.K. : Oui : au dernier championnat du monde, j’étais tête de série et j’ai été médaillé. Ça va faire partie du plan. Si je ne suis pas tête de série, je me préparerai de la même façon, mais ça serait mieux de l’être (pour être exempté de premier tour). Mais dans la ranking list, je n’ai que des points à 50% (autrement dit ceux de l’année 2022, excepté les 160 points de sa 9e place au Grand Chelem de Bakou 2023). Il y a la place pour être dans les huit.
Après ce Grand Prix du Portugal et le Grand Chelem de Paris, vous auriez envie d’un dernier gros test, aux championnats d’Europe ou les Mondiaux, juste avant les Jeux ?
W.K. : Pas plus que ça actuellement. Si j’en ai besoin, je le ferai. On le saura au fur et à mesure.
Quels sont vos points forts, ce qui vous donne confiance ?
W.K. : La concentration tout au long d’une compétition, des choses qui m’ont permis de gagner des combats importants. C’est ce qui a fait la différence, et c’est surtout sur ça que j’ai envie de continuer à travailler et d’évoluer. Je dois travailler sur mes points forts. Mes points faibles sont là.
Qu’est-ce qui fait précisément votre force pendant un combat ?
W.K. : Savoir tenir un schéma tactique jusqu’à la fin. Passer par là fait douter l’adversaire, il se dit que je ne vais jamais m’arrêter. A partir de là, c’est gagné. Je mets le paquet là-dessus.
Vous l’avez prouvé en allant chercher ces deux médailles de bronze, mondiale et européenne. Dans un golden score, il faut avoir le mental, la lucidité, la tactique, l’endurance…
W.K. : Mes gros atouts sont le mental, car j’arrive à rester fort dans la tête, et le cardio, qui l’a toujours été.
Hifumi Abe, le champion olympique et double champion du monde en titre, n’est pas aligné au Grand Chelem de Paris (2-4 février). C’est une déception pour vous ?
W.K. : Non. Abe a dû faire le tournoi une fois et il a perdu au premier tour. Je ne suis vraiment pas surpris.
Vous avez perdu vos deux combats contre lui (demi-finale du Grand Chelem de Hongrie 2022, demi-finale des championnats du monde 2023). Comment le battre ?
W.K. : Je n’ai pas encore la recette mais je sais qu’il est tombé pas mal de fois sur certaines techniques : des kata guruma, des techniques assez spéciales. Il ne sera sûrement pas piégé sur ça, mais il faut trouver.
Denis Vieru, l’autre référence en -66kg (champion d’Europe, n°1 mondial), ne sera pas là non plus…
W.K. : C’est l’adversaire que j’ai le plus pris dans la catégorie. Il est le n°1 mondial. Cela a toujours été de très gros combats entre nous, qui se sont joués à rien. Parfois au golden score (un combat de 8’40 » au Grand Chelem de Paris 2021). On se connait très bien parce qu’il ne se cache pas. Il fait beaucoup de compétitions.
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