Accusé d’avoir divulgué des documents classifiés, l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, déjà incarcéré depuis le mois d’août, a été condamné à dix ans de prison. Une condamnation qui survient à moins de dix jours des élections législatives et provinciales du 8 février.
L’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été condamné à dix ans de prison pour une affaire de divulgation de documents classifiés, à quelques jours des élections législatives, ont annoncé mardi 30 janvier son parti et les médias publics.
Imran Khan et Shah Mahmood Qureshi, ancien ministre des Affaires étrangères et numéro deux du parti fondé par Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), « ont été condamnés à dix de prison dans (cette) affaire », a indiqué à l’AFP un porte-parole du PTI.
L’ex-Premier ministre, évincé de ce poste en avril 2022 par une motion de censure, est déjà incarcéré depuis le mois d’août. Il doit faire face à une multitude d’accusations et a été déclaré inéligible pour cinq ans.
Cette condamnation survient à moins de dix jours des élections législatives et provinciales du 8 février, dont la campagne a été entachée d’accusations de fraudes et de répression contre le PTI.
« Simulacre de justice »
Au cœur de cette affaire : un câble diplomatique de l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis, qu’Imran Khan a présenté comme la preuve d’un complot américain contre lui, soutenu par les militaires pakistanais. Les États-Unis et l’armée pakistanaise ont démenti cette affirmation.
Imran Khan avait été inculpé en octobre, en vertu de la loi sur les secrets officiels, qui date de l’époque coloniale. Le procès s’est tenu au sein de la prison où il est détenu.
Le PTI a dénoncé un « simulacre de justice » et annoncé son intention de faire appel.
Un avocat du parti, Salman Safdar, a affirmé à l’AFP que l’équipe légale d’Imran Khan n’avait pas été autorisée à l’assister pendant toute la durée du procès. « C’est inconstitutionnel et contraire au principe même de justice », a-t-il déploré.
Imran Khan, une ancienne star du cricket, arrivé au pouvoir en 2018 et destitué par une motion de censure en avril 2022, jouit d’un immense soutien populaire au Pakistan. Mais sa campagne de défiance à l’égard du puissant establishment militaire a été suivie d’un sévère retour de bâton.
Son arrestation en mai dernier a provoqué l’ire de ses partisans, qui ont déclenché de violentes manifestations. Les autorités ont répliqué en arrêtant massivement sympathisants et dirigeants du PTI.
Le PTI s’est retrouvé paralysé à l’approche du scrutin : ses rassemblements ont été de fait interdits, le symbole du parti a été interdit et des dizaines de ses candidats n’ont pas été autorisés à se présenter.
L’armée faiseuse de roi
Imran Khan accuse l’armée, qui l’avait aidé à accéder au pouvoir en 2018 mais dont il a depuis perdu le soutien selon les analystes, de chercher à l’empêcher de reprendre la tête du pays.
La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui a été trois fois chef du gouvernement sans jamais achever aucun de ses mandats, est le favori des élections.
Nawaz Sharif est rentré au Pakistan en octobre après quatre ans d’exil à Londres.
Certains analystes politiques estiment qu’il a passé un accord avec les militaires, qu’il accusait il y a encore peu de l’avoir évincé du pouvoir en 2017 pour favoriser la victoire électorale d’Imran Khan un an plus tard.
L’armée a été au pouvoir pendant près de la moitié des 75 ans d’existence du pays et continue à exercer une influence politique considérable.
AFP