Dans la nuit de samedi à dimanche, un migrant a été tué par balle, à proximité du camp de Loon-Plage, dans le nord de la France, non loin de Calais. Un autre exilé a été blessé sans que son pronostic vital soit engagé.
Un exilé est décédé « des suites d’une plaie par balle » au thorax dans la nuit de samedi à dimanche 4 février, a rapporté la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, à l’AFP. Selon les premiers éléments, il avait été retrouvé « encore vivant, sur les bords de l’A16, sur la commune de Grande-Synthe, puis transporté à l’hôpital et est rapidement décédé ensuite ». Son identité n’a pas encore été confirmée, a ajouté la procureure.
Un ressortissant irakien, âgé de 33 ans selon une source policière à l’AFP, a également été blessé et touché par une balle à la main, mais son pronostic vital n’est pas engagé.
Pour élucider cette affaire, une enquête judiciaire a été ouverte puis confiée à la police judiciaire et à l’Office central de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM). Aucune interpellation n’a eu lieu pour l’heure.
Les deux victimes résidaient dans le camp de migrants de Loon-Plage, près du lieu où le défunt a été retrouvé. D’après l’association Salam qui vient en aide aux exilés de cette zone du nord de la France, le site héberge actuellement entre 500 et 600 personnes.
En octobre dernier, le camp avait été démantelé lors d’une opération de « mise à l’abri » menée par les services de l’État. Mais les exilés sont revenus sur le site. « C’est beaucoup moins tendu qu’il ne l’a été, il y a nettement moins de monde aujourd’hui », a indiqué Claire Millot, secrétaire générale au sein de l’ONG, à la Voix du Nord.
« Les gens dans les camps ne sont pas violents »
Le camp de Loon-Plage a en effet été le théâtre de plusieurs fusillades par le passé. Si la piste du règlement de comptes semble explorée pour expliquer le décès de ce migrant, ce type de représailles reste « extrêmement rare », a souligné Claire Millot auprès de France Info.
« Il y a des querelles de pouvoir, de territoire…
Mais, pour nous, ce ne sont pas des règlements de comptes entre migrants lambda car il n’y a pas d’hostilité entre les communautés. On le voit bien sur le terrain : tout le monde se mélange. Les conflits, c’est entre les passeurs », avait-elle expliqué l’année dernière auprès d’InfoMigrants.
« En ce moment, c’est plus des questions de contrôle de zones de plages ou de dunes », dans une région de points de départ de la France vers l’Angleterre.
Mais comme le précise Claire Millot : « Les gens dans les camps ne sont pas des gens violents, ce sont des gens qui ont fui la violence dans leurs pays. »
D’après elle, la tension dans la zone avait d’ailleurs diminué autour du camp de Loon-Plage depuis déjà plusieurs semaines. « On n’entendait plus parler de coups de feu. On en a toujours entendu sur les camps du Dunkerquois, sans jamais, nous, bénévoles, nous sentir en danger », raconte la bénévole.
Malgré tout, Claire Millot estime que dans ces cas de règlement de comptes, il est « très rare que la police arrive à remonter jusqu’au tireur ».
« Il y a une omerta qui est complètement légitime » car « quelqu’un qui vit sur un camp, même s’il a l’idée de qui a tiré, n’a pas intérêt à dénoncer son passeur parce qu’il a payé des milliers d’euros. Et s’il envoie le type en prison, même si c’est quelqu’un d’affreux, son argent est perdu. »
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