La France rend un hommage national à ses victimes du 7 octobre en Israël

Dans la cour d’honneur des Invalides, 42 portraits : le président Emmanuel Macron rend un hommage national mercredi aux victimes françaises de l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël, en présence, très controversée, d’élus de la gauche radicale.

Cet hommage, inédit hors d’Israël, intervient quatre mois jour pour jour après l’assaut du mouvement islamiste palestinien. Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, tuées par balles, brûlées vives ou mutilées, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes, et déclenché un conflit toujours en cours à Gaza.

Avec 42 Français ou Franco-Israéliens tués, trois toujours disparus et présumés otages, quatre otages libérés et six blessés, il s’agit du plus lourd bilan côté français depuis l’attentat de Nice le 14 juillet 2016 (86 morts et plus de 400 blessés).

La France compte la première communauté juive d’Europe, avec environ 500.000 personnes, et près de 100.000 ressortissants vivant en Israël, ayant souvent la double nationalité.

L’hommage doit débuter vers midi. Les portraits des victimes vont entrer dans la cour d’honneur portés par des gardes républicains.

Une pancarte avec des portraits de victimes lors d'une conférence de presse des représentants des familles des otages français à Gaza, à l'ambassade d'Israël à Paris, le 6 février 2024
Une pancarte avec des portraits de victimes lors d’une conférence de presse des représentants des familles des otages français à Gaza, à l’ambassade d’Israël à Paris, le 6 février 2024 

Suivront l’interprétation du Kaddish (chant de deuil) de Maurice Ravel et le discours du chef de l’Etat, devant une assistance composée de proches des victimes, de responsables politiques de tous bords et de représentants de la communauté juive. L’archevêque de Paris et le président de la fédération protestante assistent également à l’hommage, mais pas le recteur de la Grande Mosquée de Paris, en déplacement « à l’étranger ».

Sont aussi présents l’animateur Arthur, le cinéaste Eric Toledano, le philosophe Bernard-Henri Lévy, l’acteur Michel Boujenah, ou encore le chanteur Patrick Bruel.

« Colère des familles »

A l’issue de la cérémonie, le président s’entretiendra avec les familles, qui ont été acheminées pour beaucoup d’entre elles depuis Israël par un vol spécial.

« Nous vivons une très longue journée depuis le 7 octobre », a confié mardi Ayala Yahalomi Luzon, sans nouvelles de son frère Ohad, 49 ans, depuis « 123 jours », exhortant à « une action concrète pour ramener (les otages) chez eux ».

Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours captifs à Gaza, dont 29 seraient morts. Des négociations sont en cours pour obtenir leur libération en échange d’une pause dans les combats. Une centaine d’otages avaient été libérés fin novembre lors d’une trêve.

La cérémonie, dans la cour d’honneur des Invalides, à quelques encablures du monument pour les victimes du terrorisme, sera placée sous le signe de la « lutte contre l’antisémitisme », combat cardinal de la République selon l’Elysée.

Le portrait de l'otage française Amit Buskila avec l'inscription "Kidnappée" lors d'une conférence de presse des représentants des familles des otages français à Gaza, à l'ambassade d'Israël à Paris, le 6 février 2024
Le portrait de l’otage française Amit Buskila avec l’inscription « Kidnappée » lors d’une conférence de presse des représentants des familles des otages français à Gaza, à l’ambassade d’Israël à Paris, le 6 février 2024 

« Il est patent, pour qui veut bien le voir, qu’il y avait quand même une dimension (…) antisémite dans les actes terroristes qui ont été perpétrés le 7 octobre », relève un conseiller présidentiel.

Pour les familles de victimes, la présence de plusieurs responsables de La France insoumise (LFI), reste de ce point de vue incompréhensible, voire inacceptable, car la direction du parti de gauche radicale avait refusé de qualifier le Hamas d’organisation terroriste.

Le député Aymeric Caron (apparenté LFI) a d’ailleurs été hué à son arrivée aux Invalides, sous les cris de « collabo », « antisémite » ou encore « la honte », a constaté un journaliste de l’AFP.

« Je pense qu’ils ne doivent pas y être », souligne Ishay Dan, dont le Hamas a tué deux neveux lors de l’attaque du 7 octobre et détient un proche, Ofer Calderon, 53 ans. Même s’ils ont « le droit d’être présents », les propos « qui ont d’une certaine manière justifié ce qui s’est passé » rendent leur présence « indécente », a commenté le président du Crif, Yonatan Arfi.

« Droit au chagrin »

Position relayée au sein de la majorité: « LFI n’a pas sa place » à cet hommage, a ainsi affirmé le député Renaissance Eric Woerth, la ministre Aurore Bergé dénonçant « du déshonneur » et « du cynisme ».

Selon l’Elysée, il s’agit d’une « cérémonie républicaine » dont aucun élu, par définition, ne peut être écarté. Mais il appartient à chacun « d’apprécier l’opportunité de sa présence », a commenté un conseiller présidentiel.

« Au nom de quoi peut-on me nier le droit à l’émotion et au chagrin ? », a réagi le coordinateur de LFI Manuel Bompard, venu à la cérémonie.

Il dénonce un « deux poids, deux mesures » avec Gaza, où plus de 27.500 personnes ont été tuées depuis le début de l’offensive israélienne selon le ministère de la Santé du Hamas, et réclame un moment d’hommage semblable pour les ressortissants français qui y ont trouvé la mort.

Un « temps mémoriel » est envisagé pour eux dans un second temps, selon l’Elysée. Au moins deux enfants français ont été tués à Gaza, d’après les autorités françaises.

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