Un Soudanais de 22 ans a écopé de 18 mois de prison par un tribunal britannique, a annoncé lundi la National crime agency (NCA). L’homme avait été aperçu en train de piloter un bateau de migrants dans la Manche, avant le sauvetage dans les eaux anglaises. Ce même canot a été impliqué dans le décès d’une femme sur une plage de Sangatte, dans le nord de la France, quelques heures avant son arrivée au Royaume-Uni.
Howmalow Mawum-Duop devra passer 18 mois en prison.
C’est la décision rendue par le tribunal de Canterbury, dans le sud de l’Angleterre, vendredi 2 février. Ce Soudanais de 22 ans a été condamné pour facilitation de l’immigration clandestine, a indiqué la National crime agency (NCA) dans un communiqué publié lundi.
L’homme a été identifié comme le conducteur d’un bateau de migrants secouru dans les eaux anglaises le 26 septembre 2023. Le canot avait quitté Sangatte, dans le nord de la France, et se dirigeait vers le Royaume-Uni avec 70 personnes à bord lorsqu’il a été intercepté par les Britanniques.
Howmalow Mawum-Duop plaide coupable
Le jeune homme « a été aperçu en train de contrôler la barre [du bateau]. Il a coupé le moteur et a tenté de s’éloigner de la barre à l’approche du navire des forces frontalières », précise la NCA.
Howmalow Mawum-Duop a dans un premier temps affirmé qu’il n’avait pas piloté le canot, ni demandé d’argent pour la traversée. Mais il a finalement plaidé coupable au tribunal.
Cette embarcation a été impliquée dans le décès d’une femme sur une plage française, le même jour.
Ce matin du 26 septembre vers 5h, le corps d’une migrante érythréenne a été retrouvé sur une plage de Sangatte. La jeune femme, retrouvée « en arrêt cardio-respiratoire » par les sapeurs-pompiers, aurait tenté de monter dans le canot.
La cause de la mort demeure floue : l’enquête menée par les autorités françaises est toujours en cours pour faire la lumière sur ce drame.
Le Soudanais de 22 ans a expliqué avoir quitté son pays en février 2021 et avoir traversé le Tchad, la Libye et la Tunisie avant de traverser la Méditerranée. Arrivé en Italie, il a rejoint la France.
« La lutte contre le trafic de migrants est l’une de [nos] plus grandes priorités »
« En étroite collaboration avec nos partenaires français, nous avons pu arrêter ce bateau au large des côtes anglaises, protéger les personnes à bord et garantir que Howmalow Mawum-Duop soit traduit en justice », s’est félicité Kathryn Philpott de la NCA, citée dans le communiqué.
« La lutte contre le trafic de migrants est l’une des plus grandes priorités de la National crime agency, et nous sommes déterminés à ce que les individus qui mettent la vie d’autrui en danger dans un but lucratif soient tenus pour responsables », a-t-elle ajouté.
Depuis plusieurs années, Londres et Paris collaborent pour lutter contre l’immigration irrégulière et réduire les flux de départs depuis les côtes du nord de la France vers l’Angleterre. En mars 2023, les Britanniques ont même signé un accord prévoyant de verser plus de 500 millions d’euros sur quatre ans à la France pour militariser davantage la frontière maritime.
Mais selon la Cour des comptes, la coordination entre les deux pays est « décevante ».
Dans un rapport publié le 4 janvier, celle-ci déplore le manque de communication entre Londres et Paris au sujet des traversées de la Manche. « La Cour a constaté que les Britanniques ne communiquent pas de renseignements exploitables sur les départs des ‘small boats’ et donnent des informations de premier niveau, très générales et non recoupées », peut-on lire dans le rapport.
Le sujet des traversées de migrants dans la Manche est explosif au Royaume-Uni.
Les conservateurs au pouvoir sont régulièrement pressés d’agir davantage. Emmanuel Macron avait souligné en mars 2023 que Londres et Paris avançaient « de concert » contre l’immigration irrégulière tout en ayant « conscience des enjeux humains » et de « l’extrême sensibilité de ces sujets ».
L’an dernier, le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boats », contre 45 000 l’année dernière, soit une baisse d’un tiers.
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