Le festival breton a dû se transformer en format réduit pour maintenir son édition 2021. Privée de gigantisme, la manifestation mise, pendant dix soirées, sur l’émotion et la proximité.
Les gouttes d’eau ont bien failli faire déborder un vase déjà bien rempli. Après s’être battu des mois pour maintenir leur festival, en s’adaptant aux jauges proposées, en février, par le ministère de la culture (5 000 personnes au lieu des 50 000 festivaliers quotidiens), les organisateurs des Vieilles Charrues ont failli tout annuler juste avant le lancement de l’événement, prévu à Carhaix (Finistère), du 8 au 18 juillet. En cause, la tempête et les trombes d’eau qui se sont abattues sur la Bretagne, le week-end des 3 et 4 juillet.
En déversant tonnes de sable et copeaux de bois, techniciens et bénévoles ont fini par rendre accessible le site inondé de la cour du château de Kerampuil où a été installée l’unique scène de l’édition 2021. A l’ouverture des portes, jeudi 8 juillet en fin d’après-midi, les fans de Vianney ont pourtant dû constater qu’un cercle de barrières empêchait de profiter d’une grande partie de la fosse rendue trop boueuse par les intempéries.
Le lendemain, cette plaie de gadoue donne encore au festival des allures d’animal blessé. Dans le public clairsemé – 2 500 personnes environ assisteront à cette deuxième soirée –, on entend souvent soupirer de nostalgie à l’évocation du monde d’avant. Une mélancolie attisée par les deux grands écrans qui passent en boucle (un peu masochistes) des images des précédentes éditions.
Pas simple pour les artistes de s’adapter à ces spectateurs déstabilisés, moins aptes aux élans fédérateurs. Raphaël y parvient en dialoguant avec ceux qui l’interpellent. Répartie, humour, autodérision. Le dandy montmartrois sympathise avec les Bretons. Servi aussi par l’interprétation gracile d’un répertoire qui résiste au temps (Sur la route, Caravane) et de nouvelles chansons (Personne n’a rien vu) à la hauteur. Au sommet, l’intensité hypnotique de Les Salines, un titre écrit pour Bashung sans savoir, jusqu’à l’album posthume de ce dernier (En amont), que le crooner alsacien l’avait enregistré.
Source: monde