Le seuil de +1,5 °C de réchauffement serait déjà franchi depuis plus de 10 ans !

Et si la situation climatique était encore plus dramatique qu’on ne le pensait ? Et si la barre des +1,5 °C avait en réalité déjà été franchie depuis une décennie et que le réchauffement avait débuté bien plus tôt qu’on ne le pensait ? Voici les conclusions d’une nouvelle étude qui, bien que controversée, renforce le fait qu’il est plus que temps d’agir.

Voilà une nouvelle étude qui fait des remous au sein de la communauté des . Publié dans la revue Nature climate change, un article propose en effet que nous aurions en réalité déjà dépassé les +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Et pour cause : le climat de l’ère préindustrielle aurait été plus froid et le réchauffement climatique associé aux activités humaines aurait débuté bien plus tôt qu’on ne le pensait !

Autant le dire d’emblée, cette hypothèse ne fait pas l’unanimité. Il est toutefois nécessaire de la considérer, car elle pourrait avoir de fortes implications. La plus importante serait que nous aurions en réalité encore moins de temps que prévu pour tenter de redresser la barre.

Les éponges : de formidables archives climatiques

C’est en étudiant des éponges marines provenant des Caraïbes qu’une équipe de chercheurs est arrivée à cette conclusion. Les éponges sont en effet sensibles à plusieurs paramètres environnementaux, comme la température de l’eau, son acidité ou encore le taux de CO2 atmosphérique, dont les variations influencent leur croissance.

Ces organismes marins vivent depuis très longtemps, plusieurs centaines d’années, ce qui fait d’elles de véritables archives climatiques pour étudier la  industrielle.

Voici le type d'éponge étudié (en orange). © I. Macintyre, Smithsonian Institution, CC0 1.0

VOICI LE TYPE D’ÉPONGE ÉTUDIÉ 

L’analyse des éponges a ainsi permis de reconstruire l’évolution du climat pour les années 1800.

Et les résultats s’avèrent bien différents de ce qui est actuellement accepté par la communauté scientifique.

L’étude révèle ainsi que les températures vers le milieu du XIXe siècle auraient été de 1 °C inférieures à ce que l’on pensait précédemment et que le début du réchauffement climatique en lien avec les  de gaz à effet de serre aurait débuté environ 80 ans plus tôt que les modèles actuels ne le suggèrent ! Et cela fait une énorme différence.

Les modèles admis par l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change, le ) proposent en effet que l’activité humaine aurait commencé à impacter le climat terrestre après l’année 1900.

Ils se basent pour cela sur des mesures de la température des océans acquises par bateau à la fin du XIXe siècle.

Des valeurs qui, selon les auteurs de l’étude, pourraient être biaisées par la méthodologie employée alors, et seraient donc bien moins précises que le set de données obtenues par l’étude des éponges. Pour soutenir leurs observations d’un démarrage plus précoce du réchauffement climatique, les chercheurs rappellent de plus que les émissions de gaz à effet de serre ont commencé bien avant 1900, dès la révolution industrielle qui se situe au début des années 1800.

Et leurs résultats montrent que le réchauffement climatique aurait débuté dès 1860.
En ajoutant à cela le fait que les températures au début des années 1800 auraient été plus basses qu’on ne le pensait, les chercheurs déduisent que nous aurions en réalité dépassé le stade des +1,5 °C depuis une décennie, et que nous serions actuellement à une augmentation de +1,7 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Nous serions donc en retard dans notre effort pour limiter le réchauffement climatique, qui pourrait donc s’accélérer encore plus que ce que nous l’avions prévu dans le futur.
Graphique présentant les résultats des analyses du rapport strontium sur calcium et l'interprétation en matière d'évolution de la quantité de CO<sub>2</sub> atmosphérique. On note une évolution à partir des années 1950 environ. © McCulloch et al. 2024, <em>Nature Climate Change</em>

Une étude qui fait débat

Comme dit plus haut, ces résultats sont cependant loin de faire consensus.

Le premier argument à opposer à cette étude est d’ailleurs le fait qu’elle ne repose pas sur des données acquises de manière également distribuées à travers le globe, contrairement aux enregistrements des températures réalisées par bateau. En effet, les éponges ne proviennent que d’une région très précise et il reste envisageable que les valeurs de températures déduites ne pourraient en réalité représenter que des variations cycliques liées aux phénomènes El Niño et La Nina.

Bref, le débat reste ouvert.

Il paraît donc sage de rester prudent face aux résultats apportés par cette nouvelle étude. Mais tous les scientifiques s’accordent sur un point : quoi qu’il en soit, il est urgent d’agir.

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