Vendredi soir, après une journée de débats, les parlementaires réunis en session extraordinaire ont voté une nouvelle réforme de la charte constitutionnelle pour permettre la nomination d’un ministre de la Défense et de la Sécurité. Dans la précédente version, le président de la transition occupait ce poste.
Les bureaux de l’Assemblée et du Sénat ont adopté un nouvel article 35 à la charte constitutionnelle du Gabon mise en place par les putschistes après la chute du président Bongo. Le président de la transition n’a désormais plus de portefeuille ministériel.
Ce vote met donc fin à une contradiction qui durait depuis des semaines.
En effet, le texte disait que le général Brice Oligui Nguema, président de la transition, était également ministre de la Défense et de la Sécurité. Or, depuis plusieurs semaines, un ministre de la Sécurité et une ministre de la Défense ont été nommés au gouvernement.
« Un cafouillage total »
Auditionnée, la ministre de la Réforme des institutions a été passée au grill. « Le pouvoir viole sa charte. On ne peut pas à chaque fois jouer les pompiers », a confié un participant excédé. Les parlementaires ont d’ailleurs demandé à réexaminer tout le texte pour éviter d’autres rafistolages.
Un imbroglio fustigé par Me Anges Kevin Nzigou. Il avait saisi la Cour constitutionnelle sur cette question. L’avocat dénonce « un cafouillage total ». « Le président est entouré de juristes, comment ont-ils pu faire une erreur aussi élémentaire ? », s’interroge-t-il.
Certains soupçonnent aussi une manœuvre.
La charte interdisant aux ministres d’être candidats à la présidentielle. En abandonnant ses portefeuilles, le général Oligui Nguema préparerait sa candidature ? « Je n’y crois pas. Le futur dialogue national entraînera une nouvelle constitution et une remise à plat », confie un député.
Autre changement dans l’article 35 : le chef de l’État est choisi pour toute la transition. Ainsi, les parlementaires ont voulu éviter une instabilité. « Le pouvoir rend fou et aiguise les appétits. S’il y a des dissensions, les militaires ne pourront pas changer de président », explique un parlementaire.
rfi