La metteuse en scène présente le spectacle le plus beau, original et troublant de la première semaine du festival.
C’est la découverte qu’on attendait, en ce début de Festival d’Avignon où les déceptions se ramassent à la pelle, et où le name dropping semble tenir lieu de pensée sur la programmation. Alice Laloy n’est pas – pas encore – un nom connu, mais elle signe avec Pinocchio(live)#2 le spectacle le plus beau, le plus original et le plus troublant de tous ceux que l’on a pu voir à ce jour au festival. Il ne joue malheureusement que jusqu’au lundi 12 juillet à Avignon, mais on pourra le rattraper au Festival Paris l’Eté, du 16 au 21 juillet, puis ici et là la saison prochaine, où il tournera.
Dès les premières minutes, on sent qu’il va se passer quelque chose, alors que l’on s’installe de part et d’autre de l’espace complètement nu délimité entre les deux gradins de spectateurs. Ce début pourtant n’a rien que de très banal, qui voit débouler une bande d’enfants joyeux et pleins de vie, saisis dans leurs jeux et leurs chicaneries.
Le rituel proposé par le spectacle va consister à transformer les enfants en pantins, sous nos yeux, dans le temps de la représentation
Puis les enfants s’en vont, avec leur tintamarre, et sont remplacés par une armada de créatures en blouses grises, chaussées de cothurnes en bois. Ce sont des femmes et des hommes-machines, et ils forment la première image saisissante de ce spectacle, qui en comptera de nombreuses autres. Avec eux va se mettre en place l’étrange cérémonie de ce Pinocchio(live)#2, magistralement orchestrée par la metteuse en scène.
On les voit d’abord monter chacun son propre établi, en direct. Une fois leur installation terminée, ces travailleurs-soldats dignes de Metropolis vont chercher les enfants, qui ont été revêtus de barboteuses immaculées. Ils sont devenus des pages blanches, sur lesquelles peuvent se projeter tous les fantasmes. Le rituel proposé par le spectacle va consister à les transformer en pantins, sous nos yeux, dans le temps de la représentation.
Rite de passage
Autrement dit, Alice Laloy retourne le mythe de Pinocchio comme un gant. Dans cette fabrication de pantins à la chaîne, les enfants seront passés à la peinture blanche, revêtus de manière identique d’un short, d’un tee-shirt et d’un petit bonnet jaune, tandis que leurs corps et leurs visages se désaniment, se dévitalisent et se désarticulent peu à peu. On assiste, dans le temps vivant du théâtre, à cette déshumanisation, à cette métamorphose qui atteint son acmé quand leurs yeux réels sont recouverts par des faux, au grand regard fixe. Un regard mort.
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