Gérald Darmanin annonce «la fin du droit du sol» à Mayotte

Le ministre de l’Intérieur, en déplacement sur l’île ce dimanche, souhaite s’appuyer sur une révision constitutionnelle.

«Nous allons prendre une décision radicale, qui est l’inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle que choisira le président de la République». En arrivant sur l’île ce dimanche, Gérald Darmanin a fait cette annonce attendue. «Il ne sera plus possible de devenir français si on n’est pas soi-même enfant de parent français, nous couperons l’attractivité qu’il y a dans l’archipel mahorais» , a déclaré le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer dès son arrivée sur le tarmac dimanche matin.

Le ministre de l’Intérieur est accompagné de la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Ils sont venus préparer l’opération Wuambushu 2, contre la délinquance et l’immigration illégale.

Fin des visas territorialisés
«C’est une mesure extrêmement forte, nette, radicale, qui évidemment sera circonscrite à l’archipel de Mayotte», a précisé Gérald Darmanin, qui ne veut pas l’étendre à d’autres territoires français. Cette annonce est aussi synonyme de fin des visas territorialisés puisqu’il n’y «aura plus la possibilité d’être Français lorsqu’on vient à Mayotte de façon régulière ou irrégulière». «(Les visas territorialisés) n’ont plus lieu d’être», assure le ministre de l’Intérieur.

Ces dispositifs empêchent les détenteurs d’un titre de séjour à Mayotte de venir dans l’Hexagone. Cette suppression est une des revendications des collectifs citoyens. Un projet de loi Mayotte sera étudié à l’Assemblée nationale «dans les semaines qui viennent».

Cette annonce ne constitue pas une surprise. Jeudi 1er février, en marge d’un évènement consacré aux Outre-mer, Gérald Darmanin avait affirmé «que le droit du sol et du sang» n’était «pas le même à Mayotte que sur le reste du territoire national» et qu’un changement constitutionnel pourrait «donner à Mayotte un sujet, de façon sécurisée, d’extraterritorialité».

Depuis la loi asile et immigration de 2018, le droit du sol est déjà durci à Mayotte pour faire face à la très forte immigration clandestine en provenance des Comores voisines. Il est exigé pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois. Ailleurs en France, aucun délai de résidence n’est exigé.

Barrages routiers contre l’insécurité et l’immigration incontrôlée
Quelques heures plus tard, plusieurs centaines de Mahorais attendaient à Mamoudzou l’arrivée des ministres, accueillis par des huées et des cris «Mayotte en colère». Leur cortège s’est aussitôt rendu à la préfecture, pendant que des échauffourées éclataient entre des manifestants qui tentaient de les suivre et les forces de l’ordre.

«Maintenant, on attend du concret (…)

On n’a pas d’échéancier. La fin du visa territorialisé c’est quand ? La loi Mayotte, elle s’applique quand ? Si ça se fait dans l’immédiat, on lèvera les barrages mais on ne veut pas que des mots», a assuré Zafira Ahmed, syndicaliste Force ouvrière et membre des «Forces vives», à l’AFP.

Le département français dans l’Océan indien, déjà touché par une crise de l’eau aiguë, est paralysé depuis le 22 janvier par des barrages routiers installés par des «collectifs citoyens» pour protester contre l’insécurité et l’immigration incontrôlée.

Ils demandent l’expulsion de réfugiés originaires d’Afrique des Grands lacs, installés dans un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, et réclament la fin des actes de délinquance et des affrontements.

Lancée au printemps 2023, l’opération contestée Wuambushu, destinée à lutter contre la criminalité, l’immigration illégale et l’habitat insalubre à Mayotte, visait notamment à tarir le flux des arrivées de migrants des Comores voisines et à détruire les bangas (cases) insalubres organisés en bidonville, de plus en plus nombreux.

lefigaro

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