Sénégal: c’est toujours l’incertitude…

Onze jours après l’annonce par le chef de l’État, Macky Sall, du report de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février, comment sortir de la crise ? Arrangement politique ? Solution juridique ? Il y a plus de questions que de réponses…

Tout d’abord, le fameux dialogue national avec l’opposition prôné par Macky Sall semble avoir du plomb dans l’aile… Du moins s’il faut en croire WalfQuotidien pour qui « Macky Sall risque d’avoir comme interlocuteurs les “petits candidats“. L’opposition la plus représentative et la société civile ne veulent pas entendre parler de dialogue, affirme le quotidien dakarois.

Elles veulent juste le respect du calendrier électoral et de la constitution. » Et « du côté de Pastef (le parti d’Ousmane Sonko), on refuse de s’asseoir autour d’une même table avec Macky Sall », croit encore savoir Walf.

En effet, assure le journal, « Ousmane Sonko n’a aucun intérêt à dialoguer avec Macky Sall.

Il a tout à perdre et Macky, qui est actuellement dos au mur, a tout à gagner. Si Sonko accepte sa main tendue (son amnistie politique et celle d’autres opposants), il va légitimer le report de la présidentielle et le maintien de Macky au pouvoir. »

« Sonko ne veut pas se voir comme une prise de guerre ! », renchérit 24 Heures. « Les manipulations par le camp du pouvoir pour mettre dans la tête de l’opinion publique qu’Ousmane Sonko serait en train de négocier sa libération sont du pipeau ! », s’exclame le quotidien dakarois.

Quel dialogue ?
« De quel dialogue parlons-nous ? », s’insurge le site d’information Seneplus qui ne voit qu’une seule solution. « Tout dialogue sérieux avec Macky Sall exige dans la situation actuelle de nécessaires préalables, affirme Seneplus : libération de tous les détenus politiques, arrêt de toutes les restrictions et violations contre l’exercice des libertés publiques, retour à l’ordre démocratique.

Ensuite, poursuit Seneplus, ce dialogue ne peut se dérouler que dans le respect strict de la Constitution qui doit se traduire par le retrait des mesures constitutives du coup d’État constitutionnel et la pleine reconnaissance des attributions du Conseil constitutionnel dans son rôle d’arbitre du processus électoral.

Une fois que celui-ci aura fixé la nouvelle date de l’élection présidentielle tenant compte de la date-limite du mandat actuel (2 avril 2024), l’objectif du dialogue national sera alors de discuter des modalités de la poursuite du processus électoral. »

Le Conseil constitutionnel dans la tourmente…
On n’en est pas là… Et justement, le Conseil constitutionnel est aussi au centre des débats… En effet, précise Le Monde Afrique, les Sages, saisis par les députés de l’opposition, doivent « se prononcer sur la constitutionnalité de la loi votée le 5 février par l’Assemblée nationale, loi qui entérine le report au 15 décembre de la présidentielle et qui prolonge le mandat du président Macky Sall jusqu’à l’arrivée au pouvoir de son successeur. (…)

Selon les textes, le Conseil a un mois pour statuer, soit en l’espèce jusqu’au 7 mars, un délai ramené à huit jours si le gouvernement en déclare l’urgence. »

Toutefois, relève encore Le Monde Afrique, « nul ne sait exactement quelles seront les suites de la décision du Conseil constitutionnel, qui peut valider la loi actant le report de l’élection ou bien, au contraire, la retoquer. En effet, Macky Sall ne s’est pas engagé à suivre la juridiction. « Lorsque la décision sera prise, je pourrai dire ce que je ferai », a-t-il déclaré en fin de semaine dernière. »

Et pour compliquer le tout, « l’institution est dans la tourmente » rappelle Le Monde Afrique, « car deux de ses sept juges sont accusés d’avoir été corrompus lors de l’examen des dossiers de candidature à la présidentielle. » Ce qui entache évidemment sa crédibilité…

Karim Wade dans les startingblocks…
Enfin, toutes ces incertitudes n’entament pas l’optimisme de Karim Wade qui se voit déjà concourir face à Ousmane Sonko…

« Karim Wade trépigne d’impatience de se battre avec Ousmane Sonko », croit savoir le site d’information Senego.

« Et tout le mal qu’il lui souhaite aujourd’hui, avant la date fatidique, c’est d’être libéré de prison. (…) Karim Wade qui souhaite que tous les candidats puissent s’affronter dans un climat serein lors de l’élection présidentielle prévue pour le 15 décembre prochain. Le leader du PDS espère que le scrutin sera démocratique, ouvert, inclusif et transparent, permettant ainsi aux Sénégalais de choisir leur prochain leader en toute liberté. »

rfi

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