Sénégal: entre la présidence et Ousmane Sonko, un dialogue semble désormais possible

Le Sénégal pourrait-il se diriger vers l’apaisement ? Dix jours après l’annonce par le président Macky Sall de reporter la présidentielle, le mécontentement chez l’opposition et la société civile ne faiblit pas, même si le calme prévaut dans la capitale. En coulisses, la présidence a entamé le dialogue avec l’opposant Ousmane Sonko pour tenter d’apaiser les tensions.

Des intermédiaires ont commencé à faire le pont entre Macky Sall et Ousmane Sonko qui est en prison depuis juillet. Il s’agit du militant des droits humains Alioune Tine et de l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa. Ce dernier explique qu’il a été « nommé facilitateur par le président pour voir comment convaincre les uns et les autres d’échanger avec un objectif d’apaisement ».

La libération d’Ousmane Sonko serait sur la table et des négociations déjà en cours.

Selon Pierre Goudiaby Atepa, le président Macky Sall aurait déjà donné ses instructions pour faire libérer dans les prochains jours pas loin d’un millier de personnes en détention préventive après avoir été arrêtés en mars et en juin dernier.

Du côté du parti de l’opposant, l’ex-Pastef, on affirme n’être demandeur de rien : ni d’un dialogue ni d’une amnistie. « On veut des élections le plus rapidement possible », affirme un cadre de l’ex-Pastef

Autre signe d’apaisement : le rétablissement des données mobiles qui avaient été coupées mardi 13 février, et du signal de la chaîne de télévision Walf TV lundi dont la licence avait été retirée en marge des manifestations vendredi.

Mais pour l’instant, ces gestes plus ou moins discrets ne convainquent pas tout le monde.

Une grande partie de l’opposition réclame toujours la tenue de l’élection le 25 février et le départ de Macky Sall le 2 avril, date à laquelle il était censé passer le pouvoir à son successeur.

Le Conseil constitutionnel doit encore se prononcer sur les recours déposés par des candidats pour contester la loi qui fixe la nouvelle date du scrutin au 15 décembre. Macky Sall lui n’a pour l’instant pas donné de signe de rétropédalage.

Et le nouveau collectif d’organisations de la société civile Aar Sunu Élections prévoit toujours une marche samedi 17 février à travers le pays pour protester contre le report de l’élection.

Quand il y a eu des coups d’État dans la sous-région, les sanctions globales et ciblées ont été immédiatement prises par les membres de la communauté internationale et africaine.

Au Sénégal, pourquoi, depuis lors que Macky Sall a fomenté ce coup d’État institutionnel, depuis lors qu’il est en train de violer les droits et libertés des citoyens, il n’y a aucune sanction ciblée contre lui et les membres de son entourage ?

Si la communauté internationale constate depuis lors que ses déclarations ne servent à rien, il est temps de passer à la phase supérieure, c’est-à-dire des sanctions ciblées contre Macky Sall pour qu’il arrête ce coup d’État et qu’il arrête aussi les agressions contre la démocratie, les droits et les libertés.

rfi

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