Jérémy Moscovici : de Brad Pitt à David Beckham, confidences savoureuses du chef préféré des stars

Jérémy Moscovici, ancien finaliste d’un célèbre concours culinaire télévisé, est désormais chef à domicile à Miami pour des clients fortunés. De Brad Pitt à Ben Stiller en passant par Omar Sy ou encore François Hollande, l’as des fourneaux est un habitué des cuisines de stars. Rencontre inspirante.

Un chef pas comme les autres. Jérémy Moscovici, ce nom ne vous est peut-être pas inconnu. Les Français l’ont découvert dans le programme Top Chef en 2015. Catalogué comme le candidat arrogant et fier de lui, l’autodidacte des saveurs est en réalité un audacieux franc et accessible qui a réussi à monter son empire en partant de zéro.

Sans diplôme ni formation, il gravit les échelons : au départ apprenti commis, le cuisinier français qui a officié pour la famille Arnault est devenu la coqueluche de Miami. Donald Trump, Brad Pitt, Robert De Niro, David Beckham,… les plus grands noms s’arrachent son talent, sa gouaille bienveillante et sa sensibilité.

C’est au domicile de ces clients fortunés que le virtuose pose ses fourneaux.

Et de là, la magie opère : Jérémy Moscovici crée au gré des saisons, des couleurs qui l’entourent ou encore de l’énergie de la pièce, des assiettes de haut-vol qui ne laissent pas les papilles des célébrités indifférentes.

Parcours irréprochable et anecdotes croustillantes, Jérémy Moscovici s’est livré dans les colonnes de Gala.fr.

Gala.fr : Quel est votre parcours dans la cuisine ?

Jérémy Moscovici : Mon parcours dans la cuisine démarre très jeune. À l’époque j’ai 14-15 ans quand je décide de quitter le système scolaire classique. À ce moment-là j’ai trois passions : le football, le théâtre et puis forcément la cuisine. On va dire que la cuisine m’a ouvert les bras plus vite et plus sincèrement que mes deux autres passions. Donc la cuisine ça démarre comme ça. Je me pointe dans des restaurants avec beaucoup de culot en disant qu’à part ma sensibilité et ma motivation je n’ai rien d’autre à proposer.

Je n’ai pas de parcours, je n’ai pas de formation.

Très vite, mes premiers patrons m’ont tendu la main. Puis j’ai gravi les échelons. Je savais que je ne voulais pas devenir cuisinier, moi je voulais être chef, je voulais être le capitaine, être le numéro un de l’équipe. Un an et demi après avoir rejoint le groupe, ils ouvrent un nouvel établissement et je prends la place de chef. À l’époque, je n’avais pas encore 18 ans.

Je décide à 19 ans de lancer un format de private chef à Londres.

Je pars en Angleterre et à une semaine de la fin de mes économies et du retour en France, je repère une boutique de cuisine qui vend des pianos de cuisine La Cornue et tout un tas de trucs très chicos. Je leur propose de faire une animation de cuisine le samedi, j’avais mon Eurostar le dimanche. Le patron est d’accord.

J’arrive samedi, je fais une petite animation, il n’y a pas de foule.

À un moment donné, il y a un homme qui portait un bonnet et des lunettes qui me regardait depuis 15 minutes, qui m’a donné sa carte. C’était Ben Stiller. Et toute ma vie se bouscule et s’accélère à partir de là. Je lui ai écrit, il m’a répondu dans la minute en me disant qu’il avait un dîner pour dix personnes le lendemain chez lui. Et j’ai fait ça pendant un an à Londres. Ensuite j’ai monté le même format en Asie, à Tokyo puis j’ai ouvert une troisième compagnie de private chef à Taïti.

Quand Taïti s’est terminé, je me suis dit que j’étais prêt.

Je suis rentré, j’ai repris un relais château en Normandie et après Top Chef est arrivé. Le programme m’a fortement médiatisé. Après le programme, en 2015 j’ai monté un restaurant éphémère juste en face de la Croisette. Ensuite Xavier Niel et la famille Arnault sont venus me chercher. Je cuisinais tous les jours pour eux. C’était une expérience unique. Je suis resté deux ans et demi, et je suis parti de moi-même car j’avais fait le tour.

Avec ma femme on a décidé de partir aux États-Unis.

J’obtiens un visa d’artiste et c’est parti. Cette aventure a démarré le 29 décembre 2021, ça fait un tout petit peu plus de deux ans qu’on est là. Je deviens chef privé aux États-Unis et pareil la même recette, celle qui fonctionne avec les mêmes attentes, avec les mêmes codes de lancement c’est-à-dire que je me positionne sur un format très luxe, très haut gamme, sur-mesure et voilà ça démarre.

J’ai commencé à rencontrer des gens.

J’ai fait du chef d’État, j’ai fait du champion du monde de football, j’ai fait du numéro mondial de tennis, du ministre, de l’acteur, du Brad Pitt, mais j’ai surtout rencontré le plus gros coup de coeur de ma carrière pour pleins de raisons, c’est Booba. C’est un mec d’une générosité humaine absolue, qui est drôle, qui est bienveillant, qui s’est créé un personnage pour prendre un peu de hauteur sur sa carrière et qui est devenu très proche, qui est mon client tous les jours. Il m’a donné beaucoup de force dans mon aventure ici.

Gala.fr : Comment décririez-vous votre cuisine ?

Jérémy Moscovici : Ma cuisine c’est une cuisine spontanée. C’est une cuisine faite d’émotions, de transparence, je dirais même d’honnêteté parce qu’elle n’a pas la prétention de copier une autre, ni de se dire la meilleure au monde. C’est une cuisine qui me ressemble c’est-à-dire qu’elle est honnête et elle est sincère. Je fais de la création, je crée autour d’une assiette, d’un spot, de n’importe quoi. J’ai un post-it à côté de mon lit, des fois j’ai des trucs dans la nuit qui me viennent et je les marque.

Et puis le privé c’est différent humainement du restaurant. Je suis chez les gens donc ça va au-delà de la cuisine.

Il faut donner de sa personnalité et de son intimité dans l’assiette. Le client doit ressentir ce que tu es, qui tu es, comment tu vas aujourd’hui à travers ce que tu peux proposer. Tu peux partir sur des monochromes de couleurs un peu sombres dans des périodes où ça ne va pas trop.

Quand les beaux jours arrivent, c’est beaucoup plus coloré. Quand il y a un rayon de soleil, tu pars sur des choses beaucoup plus fraîches avec un peu d’acidité, un peu de fraîcheur, de l’herbe fraîche et de la petite pouce par exemple.

Bien sûr je fais beaucoup de cuisine française, je ramène ça ici, mais aussi avec quelques touches d’influences étrangères.

Gala.fr : Vous travaillez chez des clients fortunés, quelles sont les stars les plus célèbres pour lesquelles vous avez cuisiné ?

Jérémy Moscovici : J’ai cuisiné pour Brad Pitt, j’ai cuisiné pour Booba, un de mes bons clients ici qui est devenu un bon pote. J’ai cuisiné pour des champions du monde de football français entre autres Steven Nzonzi ou encore Blaise Matuidi.

J’ai fait des dîners pour Robert De Niro, Ben Stiller, David Beckham et même Donald Trump.

Gala.fr : Comment se passe l’arrivée au domicile d’une star ?

Jérémy Moscovici : Je vais chez les célébrités, dans leur intimité. Elles me font venir dans des conditions extrêmement premium. On se sent vraiment comme un personnage à part entière de la famille pendant plusieurs jours ou une soirée, tout dépend du format. Ça peut arriver que j’ai des clauses de confidentialité. Après les célébrités qui connaissent mon travail ne me font pas signer de papier. Mais quand c’est des politiciens c’est plus verrouillé.

Et j’y vais tout seul car les célébrités ne font pas rentrer beaucoup de monde chez elles.

Après je peux avoir un coup de main de la part de leur staff. Mais en général ce sont des petits repas. Ce sont des repas très intimistes, c’est moitié friendly, moitié business. Un jour j’ai fait un dîner, je me suis retrouvé à la même table en invité avec Rihanna, Leonardo DiCaprio, Matt Damon et George Clooney. C’est un des quatre qui recevait. Pour être préparé au mieux, je tiens des fiches sur les gros VIP.

Par exemple, François Hollande, c’est pas d’artichauts, pas d’olives mais par contre c’est pommes de terre. Voilà son légume préféré c’est la pomme de terre. Si tu veux savoir s’il est plus viande ou poisson… bah il est plus pomme de terre (rires). C’est des petites informations sur certains clients qui sont hyper importants.

Gala.fr : Les célébrités se déplacent-elles en cuisine pour vous voir travailler ?

Jérémy Moscovici : Huit fois sur dix les people sont autour de moi parce qu’ils aiment ça. Mais aussi car avoir un chef privé à la maison c’est un gage de luxe. Pour beaucoup de monde la noblesse absolue c’est d’avoir un chef à la maison. Bien plus que de se dire on va s’acheter une grosse maison. Donc ils sont là et ils tournent autour, ils regardent.

Gala.fr : Une anecdote avec une star en cuisine…

Jérémy Moscovici : Une super anecdote avec Omar Sy ! Omar Sy était à Paris, il tournait Lupin. À ce moment-là, j’ai son manager qui m’appelle et qui me dit : Monsieur Sy est dans la résidence privée de La Réserve, il aurait besoin d’un chef privé. Je ne savais pas du tout qu’il parlait d’Omar Sy (rires). Les requêtes étaient : poisson et fruits de mer. Je suis arrivé à La Réserve et la dame du desk m’a dit « Monsieur Li vous attend ».

Je pensais que j’allais cuisiner pour un financier asiatique.

Je me souviens très bien de l’état d’esprit dans lequel j’étais. Et là j’ouvre la porte et qui je vois ? Omar avec sa bonne gueule, son super bon smile qui me dit : « Salut Jérémy, ça va ? » (rires). J’ai commencé à me mettre en place, on a discuté deux minutes et il est resté 3 heures avec moi dans la cuisine.

C’est un passionné de cuisine, Omar. Je lui ai demandé de s’installer pour le repas et il m’a demandé de manger avec lui. Je suis arrivé à 11 heures, je suis reparti à 23 heures. Un moment hors du temps complet. On a bu ensemble, du bon vin avec la food et depuis on est restés très liés.

On se donne des nouvelles tout le temps, et ça c’est la magie de ce métier.

Gala.fr : Quelles sont les préférences alimentaires des célébrités pour lesquelles vous avez cuisiné ?

Jérémy Moscovici : François Hollande adore la pomme de terre. Il n’aime pas les olives noires et les artichauts. Booba est un carnivore, il ne fait que de manger de la viande, il aime les protéines (rires). Brad Pitt adore les pâtes, il raffole de la nourriture italienne. Le plat signature de Ben Stiller, c’est un risotto de riz noir, vieux parmesan et truffe noire.

C’est mon plat signature que j’ai dû le faire au moins 2000 fois depuis que je suis aux États-Unis.

Omar mange beaucoup de coquillages et de fruits de mer, beaucoup de crustacés, de produits de la mer. Dicaprio adore les carbonara, c’est un de ses plats préférés. Les pâtes à la carbonara avec un peu de pecorino frais par-dessus. S’il n’y a pas de pecorino, il a beau adorer les carbonara, il n’y touchera pas ! (rires).

gala

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