Alors que son président Christoph Heusgen soulignait en début de semaine qu’il y a rarement eu autant de crises dans le monde depuis 60 ans, 180 responsables politiques du monde entier sont attendus à partir de ce vendredi pour la conférence de Munich sur la sécurité, un grand rendez-vous diplomatique.
La Conférence de Munich s’ouvre ce vendredi en Allemagne. Grand rendez-vous diplomatique, il sera évidemment dominé par la guerre en Ukraine et le conflit à Gaza. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera sur place samedi après la signature ce vendredi à Berlin et à Paris d’accords bilatéraux de sécurité entre son pays, l’Allemagne et la France.
Il était il y a deux ans à Munich quelques jours avant l’invasion de son pays par la Russie. Volodymyr Zelensky plaidera sans nul doute samedi pour un soutien plus important de la communauté internationale en faveur de son pays.
D’autre part, la situation à Gaza sera sur toutes les lèvres.
Le président israélien Isaac Herzog, le Premier ministre palestinien comme des responsables de la région ou encore le secrétaire d’État américain Antony Blinken sont attendus. Dans les coulisses de l’hôtel Bayerischer Hof, de nombreuses discussions auront lieu pour tenter de débloquer la situation, humanitaire à court terme, politique à moyen terme. La conférence ouvrira symboliquement par un concert de musiciens israéliens et palestiniens du West-Eastern Divan Orchestra, créé par le chef d’orchestre Daniel Barenboim.
Une opportunité à saisir
En tout cas, ce rendez-vous est « une opportunité » à saisir, estime Yasmina Asrarguis, chercheuse spécialiste en géopolitique du Moyen-Orient. « Les accords d’Oslo ont débuté par des conversations en Norvège entre des professeurs et des Palestiniens » rappelle-t-elle, avant d’ajouter que « des petites conversations et des petits pas peuvent préparer à une conférence de paix plus large ».
Il ne faut pas sous-estimer la conférence de Munich.
Selon elle, cette conférence est aussi l’opportunité pour l’Europe de « montrer sa présence sur la scène internationale, saisir des opportunités géostratégiques et de se positionner en tant que médiatrice ». L’attaque du 7 octobre et la riposte militaire d’Israël ont mis à l’agenda le conflit israélo-palestinien. « C’est déjà un énorme pas et il faut continuer.
Il faut continuer de parler aux différents acteurs sur place et ne pas se limiter à des visites de Kibboutz et attendre que l’administration américaine fasse le travail pour l’Europe », ajoute la spécialiste.
Enfin, deux absents joueront un rôle central à Munich pour cette mini-assemblée générale de l’ONU.
D’abord, Donald Trump, dont les dernières déclarations sur l’Otan ont soulevé de nombreuses critiques en Europe. Alors que la vice-présidente américaine prendra la parole ce vendredi après-midi, les Européens ne manqueront pas de réagir et d’évoquer les défis à relever pour eux en cas de victoire de Donald Trump. Et l’autre grand absent sera Vladimir Poutine et d’autres responsables russes indésirables.
Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, en tournée européenne
La conférence de Munich accueille cette année le chef de la diplomatie chinoise qui se rendra ensuite en Espagne et en France. Une tournée qui vise à resserrer les liens entre Pékin et les occidentaux.
Une chose est sûre : Le discours du chef de la diplomatie chinoise sera écouté avec beaucoup d’attention par ses homologues européens. À Munich, Wang Yi va exposer ce que Pékin propose pour rassembler l’Orient et l’Occident alors que le monde est plongé dans plusieurs crises à travers le globe. En particulier, ce qu’il dira sur la guerre en Ukraine ou le conflit entre Israël et le Hamas est très attendu.
Après Munich, le ministre des Affaires étrangères chinois se rendra en Espagne, une première depuis 6 ans et le début selon la Chine de « 50 nouvelles années » de partenariat entre les deux pays. Madrid et Pékin se rapprochent notamment pour condamner la riposte israélienne sur Gaza.
Enfin, la dernière étape de Wang Yi sera en France où le diplomate chinois viendra célébrer le 60e anniversaire des relations diplomatiques entre Paris et Pékin. De nombreuses manifestations culturelles sont prévues en 2024.
En visitant ces trois pays, Wang Yi a un même objectif : renouer les liens entre la Chine et l’Europe. Mais il faudra d’abord apaiser la frustration des Européens, notamment sur le manque de réciprocité commerciale et le soutien chinois à Vladimir Poutine.
rfi