L’Institut de Kiel (Allemagne) a publié vendredi 16 février des nouvelles données sur le montant des aides effectivement allouées à l’Ukraine. Le soutien militaire de Paris, qui refuse de divulguer avec précision ses livraisons, est encore en bas du classement.
L’Institut de Kiel, laboratoire de la recherche allemande sur les questions de mondialisation, a mis à jour un nouvel outil pour suivre l’aide des gouvernements à l’Ukraine, afin qu’elle ait les moyens de se défendre que l’invasion des troupes russes, le 24 février 2022.
L’UE a fourni 85 milliards d’euros
L’un des principaux enseignements des données, publiées vendredi 16 février, réside dans le montant des aides allouées par l’Union européenne, militaires, financières et humanitaires confondues. Il dépasse largement celui des États-Unis : 85 milliards d’euros contre 67,6 milliards, depuis le début de la guerre. Toutefois, l’aide européenne est surtout financière (77 milliards), alors que les Américains consacrent la plus grosse part au militaire (42,2 milliards).
Le deuxième enseignement n’est pas très glorieux pour la France. Avec 1,7 milliard d’euros d’aides militaires estimées, elle se partage au coude à coude la dernière place des pays de l’Union européenne, avec l’Italie.
Quelques Français chagrins ont immédiatement réagi aux graphiques de l’Institut, publiés sur les réseaux sociaux. Les données ne tiendraient pas compte de l’accord de sécurité signé entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Français Emmanuel Macron, pas plus tard, ce vendredi 16 février.
Paris a promis jusqu’à trois milliards d’euros
d’aide militaire supplémentaire pour 2024.
C’est exact a réagi l’équipe de Kiel qui rappelle sur son site que son outil Ukraine Support Tracker
s’arrête au 15 janvier 2024. En revanche, les chercheurs précisent que ce dernier a été conçu pour faire la différence entre les promesses des dirigeants et les aides effectives. Et qu’ils ont fait au mieux avec le manque de transparence de la France en la matière. Contrairement à Washington ou Berlin, Paris refuse de divulguer le détail de ses livraisons à l’Ukraine.
Le Kiel Institut assure avoir lu avec attention le rapport parlementaire français du 8 novembre 2023.
If interested, you can actually follow the release of the new data and report at the @MunSecConf. Our press conference will be livestreamed here: https://t.co/HBjaCn4TCs 7/8
— Christoph Trebesch (@Ch_Trebesch) February 16, 2024
L’institut de Kiel n’a visiblement pas trouvé les 3,2 milliards d’euros, selon les chiffres vantés par le ministère français de la Défense. Les analystes allemands contestent notamment l’estimation du montant des équipements français, cédés au prix du matériel neuf censé les remplacer. En gros, on valorise un VAB [véhicule de l’avant blindé, conçu dans les années 1970] au prix d’un Griffon [véhicule blindé multirôle, mis en service en 2022].
C’est comme si les Néerlandais, les Norvégiens et les Danois valorisaient leurs avions de combat F-16 au prix d’un F-35, cela n’a pas de sens
, expliquait Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales, au journal Le Monde, le 31 janvier.
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