L’avancée du calendrier des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs agro-industriels a « accru les tensions » en plein mouvement de colère des agriculteurs inquiets pour leurs revenus, a estimé ce mercredi le PDG de l’Ilec, le lobby des grands industriels.
Les négociations se terminent habituellement le 1er mars mais ont été avancées cette année par le gouvernement qui espérait ainsi que soient répercutées plus vite dans les rayons les baisses de prix de gros de certaines denrées.
« Au lieu d’avoir trois mois de négociations, on a eu que six semaines ou huit semaines », a déploré, ce mercredi, sur BFM Business, Richard Panquiault, PDG de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec), qui porte la voix des très grands industriels.
Parallèlement, « on n’a pas fait évoluer le calendrier des négociations amont de la même façon.
Ce qui veut dire qu’effectivement quand les industriels ont envoyé leurs tarifs pour négocier avec les distributeurs, la plupart du temps ils n’avaient pas finalisé les contrats en amont avec les agriculteurs. Et c’est ce décalage cette année qui crée des tensions particulières », a avancé Richard Panquiault.
Contrôle renforcé des contrats signés
Il y a « bien sûr » régulièrement des « tensions » lors des négociations commerciales, a concédé le patron de l’Ilec, mais « on n’a pas été aidés par le schéma législatif et par l’anticipation » du calendrier, a-t-il déclaré. « Et on n’a pas été non plus aidés par le fait qu’un certain nombre de distributeurs ont décidé qu’on ne négociait plus en France mais en Espagne, aux Pays-Bas », a-t-il taclé, sans citer de noms.
La crise agricole a notamment mis la lumière sur les lois EGalim, censées garantir une rémunération décente aux agriculteurs.
Le gouvernement a martelé, ces dernières semaines, qu’il renforcerait le contrôle des contrats signés dans le cadre des négociations, ainsi que les sanctions pour les industriels et distributeurs qui ne respecteraient pas la loi.
À l’issue des négociations, 1 400 contrôles ont été réalisés sur les 200 plus grands industriels et sur les cinq grands distributeurs, a indiqué mercredi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, évoquant « 150 cas de non-conformité, notamment pour des retards dans la signature des contrats ».
Des pré-sanctions ont été notifiées.
Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé, quant lui, qu’un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif EGalim » serait présenté d’ici l’été.
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